Il y a quelque temps, quelqu’une dans le groupe cercle O dans Fetlife me demandait comment nous pouvions reconnaître un échange de pouvoir sain.
Je lui répondis que la frontière est bien ténue entre ce qui est sain et ce qui ne l’est pas.
À mon point de vue, l’échange de pouvoir érotique sain comporte :
- des pratiques sécuritaires
- des pratiques consenties (sans altération du jugement par l’alcool, les drogues ou l’excitation sexuelle)
- l’établissement de limites clairement définies
- un droit de veto de la part de la personne soumise
- une totale absence de dénigrement
- la capacité de fonctionner socialement (famille – amitiés – boulot)
- la capacité de pouvoir sortir du bdsm
- la capacité d’éprouver du désir et du plaisir sans devoir recourir aux pratiques bdsm
Dans l’échange de pouvoir sain, la personne soumise peut dire ce qu’elle pense sans craindre des représailles.
Aurais-je oublié quelque chose?
Marie M. écrit :
Auriez-vous oublié quelque chose, Monsieur ?
Si tout doit être «sain», comme vous dites, alors je crois que vous n’avez rien oublié d’important !
Mais oublions ce «si», et alors vous avez oublié l’essentiel : le «malsain» peut-être désirable, désiré, nécessaire…
Si le BDSM lui-même devient «aseptisé», son apport à l’individu et la société devient nul.
Bien à vous,
Marie
Valmont écrit :
Merci de votre passage, Marie.
Je reconnais la part de l’ombre en chacun de nous. Je cultive volontiers le déséquilibre que je juge essentiel dans l’apprivoisement de nos motivations les plus farouches. Je suis un grand amant des jeux d’humiliation sans filet.
Je ne crois tout de même pas incompatibles ces jeux extrêmes avec un cadre sain… même si de loin, les diverses pratiques bdsm, et a fortiori les jeux d’humiliation, sont perçues comme étant malsaines.
Fetish Desirs écrit :
je découvre votre blog… et vous adresse d’abord un compliment! Echange de pouvoir erotique sain dites vous?
deux critères essentiels dans le BDSM sont le libre consentement et la sécurité des personnes, d’où le contrat qui encadre l’échange de pouvoir érotique
Par contre, les 3 dernières propositions
1/capacité sociale
2/capacité à sortir du BDSM
3/capacité vivre sa sexualité sans pratique BDSM
peuvent être comprises comme une stigmatisation des traits de personnalité et des préférences sexuelles du sujet. Sommes-nous en droit de qualifier de malsain l’échange de pouvoir érotique d’une personne socialement marginale et qui ne sait pas vivre sa sexualité hors BDSM? Nous pouvons à la rigueur qualifier sa perversion de pathologique.. encore que là, personne ne s’accorde sur la définition…
Valmont écrit :
Ce n’est pas vrai que personne ne s’accorde sur la définition des pathologies associées aux échanges de pouvoirs érotiques, si tel est votre propos.
Dans sa grande « sagesse », le DSM-IV (le livre de référence de l’Association américaine de psychiatrie) est relativement clair sur ces questions.
Fetish Desirs écrit :
bien non, c’était pas exactement mon propos, j’ai manqué de précision. En effet les pathologies associées aux perversions sexuelles sont cliniquement bien définit et fort heureusement. Ce qui ne reçoit pas de consensus voulais-je dire c’est le concept de perversion . Quand au DSM-IV, grande sagesse??? humm! C’est moins sur tant la listes de pathologies découvertes s’allonge d’année en année… Et _sans faire de lien de cause à effet arbitraire_ pour les laboratoires pharmaceutiques des médicaments qui leurs nouvellement associés.Mais je m’éloigne du sujet…on peut revenir au sens grec de la racine du mot: pathos, et par là souffrance… de manière un peu simpliste, ca reste un bon critère… quand le sujet est en souffrance avec sa perversion… expérience personnelle et subjective.. et là le détenteur du savoir,en dernier lieu c’est le sujet, pas le DSM_IV, dixit Freud…En définitive ça relève plus du domaine de la psychanalyse que de la psychiatrie…
Attachant67 écrit :
Merci pour votre mise au point, que je crois fort utile. On peut ajouter que votre liste est valable pour toute pratique sexuelle en dehors de la génitalité pure et simple : quelqu’un qui impose (par force ou par chantage par exemple affectif) des contacts buccaux à un ou une partenaire qui n’en veut pas, ou qui ne jouit qu’à l’occasion d’une sodomie à l’exclusion de toute autre caresse (on peut trouver d’autres exemples, bien sûr) a du souci à se faire concernant son équilibre mental et sexuel. Et surtout, ses partenaires ont du souci à se faire lorsqu’ils tombent dans ses redoutables filets…
Valmont écrit :
Je suis d’accord avec vous : ces traits sont valables pour toute pratique sexuelle hors génitalité simple, comme vous dites.
La nuance que je ferais avec la pratique sexuelle hors génitalité simple (ouf!), c’est le caractère absolu et idéaliste des pratiques bdsm. Dans le cadre de l’échange de pouvoirs érotique, l’individu se donne plus, ouvre plus, du moins en principe, que dans une relation conventionnelle. D’où l’importance de balises claires et saines. À moins de chercher à se faire amocher pour expier xyz fautes, amen.
D’ailleurs, quand vous écrivez,
j’ai envie d’ajouter oui et non. Il faut reconnaître que beaucoup ont besoin d’un certain degré de malsain pour « justifier » leurs pratiques sexuelles, que celles-ci soient au chocolat ou à la vanille. Le commentaire de Marie M. en mars 2011 me semble en être une belle illustration.
Attachant67 écrit :
En fait, je voulais surtout vous remercier de m’avoir permis de formaliser diverses choses que je sentais à propos de d’emprises sexuelles perverses, tout à fait en dehors d’un contexte BDSM… Pour le reste, je suis en accord avec vos précisions.