Établir ses limites dans les jeux BDSM (puis les faire connaître) est un acte de maturité.
Je suis toujours un peu dérouté par les gens qui disent ne pas avoir de limites. Je me demande si ce n’est pas une question d’orgueil ou de jouer avec les mots. Ou les deux.
Il faut dire que le sujet des limites est un poncif BDSM autour duquel règne une grande confusion.
L’esprit olympique qui prévaut dans bien des discours (« aujourd’hui, nous avons atteint 50 coups, demain ce sera 75 ») occulte un élément fondamental dans l’échange érotique de pouvoirs : l’écoute, l’arrimage entre l’un et l’autre partenaire.
L’écoute ne se marchande pas
An utterly fearless man is a far more dangerous comrade than a coward.
Moby-Dick by Herman Melville.
Dans un couple marié depuis vingt ans et qui se lance dans le BDSM, disons, après quinze ans de vie commune, il y a de fortes chances que le Maître connaisse les désirs, les forces, les faiblesses et les peurs de sa femme soumise.
La relation de couple aide grandement dans leur cas car ils se connaissaient bien avant le premier coup de fouet. Ce qui ne les dispense tout de même pas de discussions et de négociations avant le premier coup de fouet, et depuis, incessamment… ;- )
Pour des gens qui ne se connaissent pas au préalable, bien évidemment, il serait illusoire de connaître les désirs, les forces, les faiblesses et les peurs de l’autre avant la première séance.
D’où la nécessité de faire les choses lentement, graduellement. De discuter de long et en large avant de se lancer pieds et poings liés.
Et parfois même pendant.
À force d’écoute
C’est à force d’écoute au cube qu’on peut en arriver à cette connaissance de l’autre.
À force de discussions, d’essais et… de crises. Le maître n’est pas exempt d’erreur, d’un mauvais calibrage, d’une compréhension erronée ou partielle. La soumise n’est pas exempte d’une erreur, d’une mauvaise évaluation, d’une compréhension erronée ou partielle.
Ce que la soumise a à dire
Qui dit écoute dit communication : il faut aussi que la personne soumise puisse pouvoir s’exprimer. Qu’elle ait le courage de dire les choses, et pas seulement ce qui lui plait de prétendre et ce qui plait à l’autre d’entendre.
La soumise doit pouvoir dire ce qui l’habite, ce qui lui fait mal (en-dedans), ce qui la ronge. Cette capacité est déjà… une limite pour de nombreuses personnes qui craignent les conséquences de leurs paroles. C’est aussi un réel exercice d’humilité pour la personne dominante que d’être capable d’entendre ce que la soumise a à dire.
La question des limites, c’est pas juste un sujet à balayer rapidement sous le tapis pour enfin passer aux choses sérieuses…
Dans le cadre d’une relation BDSM suivie (avec ou sans relation de couple à la clef), c’est un chantier toujours en cours, un processus continu. À faire « avant » et « après » la séance, de façon à rendre le « pendant » haletant et vertigineux pour toutes les parties.
Lizaliana écrit :
merci pour cet article qui fait tellement directement écho à mes/nos questionnements ces jours-ci.
introduction d’une tierce personne… lien à construire avec/au travers…
Merci
Liza
htt://lizasoumise.erog.fr
Valmont écrit :
Si vous éprouvez le besoin d’en parler, mlle Liza, il y a de nombreuses soumises et de nombreux soumis qui fréquentent ce blogue et qui n’hésiteront certainement pas à partager leurs questionnements avec vous.