Le BDSM, c’est un jeu. Un jeu de confiance entre adultes consentants. La personne qui domine la scène exerce sa volonté sur la personne qui se soumet, sur un ou des aspects bien spécifiques de sa personne (sa sexualité, par exemple) ou sur toute sa personne. L’exercice de ce pouvoir d’une personne sur l’autre requiert un consentement.
Dernière mise à jour de cet article : 19 septembre 2024.
La différence entre les pratiques BDSM et le power trip, c’est le consentement des parties impliquées.
C’est quoi un power trip? Ça le dit, c’est un problème de gestion du pouvoir. Que ce pouvoir soit délégué ou établi ne change rien.
Il y a des gens à qui tu donnes du pouvoir et qui deviennent cons. Ces gens ne savent que faire du pouvoir mis à leur disposition. Ils perdent les pédales, deviennent méchants, se croient subitement au-dessus des lois…
Ce qui distingue une activité BDSM d’un viol, c’est le consentement. La violence conjugale et le BDSM ont une différence fondamentale : il y a consentement dans le second cas, ou il n’y a pas de BDSM.
C’est simple : sans consentement, il n’arrive rien. Chacun rentre chez soi.
Table des matières de cet article
Le consentement dans le contexte BDSM
C’est quoi, le consentement? Ce consentement a-t-il quelque chose de spécifique dans le contexte des jeux BDSM?
Le consentement sexuel est l’accord volontaire qu’une personne donne à son ou sa partenaire au moment de participer à une activité à caractère sexuel.
Il faut être capable d’obtenir un consentement sans pression ou menace, chantage ou intention de tromper.
Cet accord volontaire, qui se déroule dans un climat de confiance et de sécurité, repose sur une compréhension partagée, par tous les participants, des activités proposées et des risques associés, ce qui suppose une information claire, complète, compréhensible et pertinente aux pratiques envisagées.
Ce qu’on appelle communément le « consentement éclairé », une notion associée au milieu médical où le médecin est tenu de présenter clairement au patient tous les risques d’une conduite thérapeutique.
Ça ressemble pas mal à ça : la meilleure façon d’obtenir le consentement d’une personne, c’est de lui donner l’heure juste.
L’heure juste
Dans le fantasme, servir d’esclave sexuel, obéir à des ordres donnés avec des mots ou sur un ton humiliants, ou être la propriété d’une autre personne, les pensées peuvent être sources de grande excitation.
Dans la réalité, ça ne se passe pas nécessairement comme on l’imaginait.
En négociant une scène de jeu ou en jetant les bases d’une relation fondée sur l’échange de pouvoir érotique, il est utile pour la personne dominante d’aller au delà des fantasmes, des images et des idées préconçues de la personne attirée par la soumission.
Elle souhaite être dominée, se soumettre. Que veut-elle dire exactement?
Durant le processus de négociations et avant d’entrer dans une scène de jeu, beaucoup évitent l’alcool, les drogues et toute autre substance pouvant altérer le jugement.
Un consentement obtenu en état d’ivresse n’est pas un consentement valide.
Un climat de sécurité
Dans un cadre sécuritaire, la personne dominante responsable ne s’engage que dans les pratiques dont elle connaît bien les principes et les techniques. Elle ne joue qu’à des jeux dont elle a une expérience raisonnable, avec le matériel requis pour éviter les risques de blessure pour tout le monde.
Personne ne se pratiquera sur une autre personne avec son nouveau fouet de trois mètres acheté la veille… Personne ne se lancera pas non plus dans un ligotage en suspension, sans avoir au préalable suivi d’ateliers.
Tout comme il existe des règles pour réduire les risques en s’adonnant à la plongée sous-marine et à la conduite automobile, il existe des façons de réduire les risques dans un contexte de jeux BDSM.
Qu’appelle-t-on consentir?
Par un étrange retournement, presque un demi-siècle après Mai 68, la notion de consentement en vient à être frappée de suspicion. Beaucoup y voient désormais le symptôme d’une servitude imposée et dénoncent une manipulation générale dans toutes les mises en scène amoureuses. Retour sournois du vieux pessimisme culturel qui décrète l’être humain trop immature pour mériter la liberté.
Or le verbe consentir a deux sens : accepter et vouloir. Dire *Je veux bien* ou *J’en ai très envie* n’est pas la même chose.
Entre tolérer et souhaiter
État de fait tolérable d’un côté, souhait intense de l’autre.
On peut se résigner à un travail médiocrement payé, faute de mieux parce qu’il faut bien manger. Dira-t-on pour autant que les ouvriers, les employés ne consentent pas à leur condition? Si, mais avec des réserves et l’espoir de l’améliorer un jour : leur *oui* est un *oui peut-être* qui ne présage pas d’une déception éventuelle ou d’un refus ultérieur. Frapper de doute toute forme d’approbation, c’est montrer l’être humain toujours captif, assujetti.
On comprend ce qui est en jeu dans ce débat : une double conception de la liberté comme souveraineté ou comme « intelligence de la nécessité » (Spinoza). Dans un cas, nous ne sommes jamais libres parce que jamais tout-puissants et nous restons sous influence pour nos décisions les plus intimes. Les relations humaines seraient des formes masquées de violence. On peut à l’inverse souligner que nous consentons toujours dans une certaine ignorance de notre propre désir, dans un clair-obscur d’envie et de réticence et que notre volonté doit composer avec l’adversité pour mieux la contourner.
Pas plus l’indépendance absolue que l’asservissement total ne conviennent pour décrire la condition humaine, laquelle est cette possibilité donnée à chacun de s’extraire d’un code, d’une origine sociale, d’une nature. Et plus encore de commettre des erreurs et de les rectifier.
C’était un passage du livre Le Paradoxe amoureux de Pascal Bruckner sur la notion de consentement.
Une activité sexuelle librement consentie ou abusive
Revenons à nos moutons.
Comment distinguer une pratique BDSM saine et consentie d’une pratique abusive?
Les cinq questions suivantes peuvent aider à déterminer si le consentement fut présent dans l’activité.
- Le consentement fut-il expressément nié? retiré? Il faut respecter que l’un des partenaires retire son consentement durant l’activité. Sinon, il est possible que nous soyions en face d’un cas d’agression sexuelle, viol, etc.
- Y aurait-il eu des facteurs qui auraient pu avoir un impact négatif sur l’obtention du consentement (facultés affaiblies par l’alcool, l’usage de drogues, personnes d’âge mineur)?
- Quelle est la relation entre les partenaires (première rencontre ou relation à plus long terme)?
- Quelle était l’activité en cause? (a-t-elle causé des lésions permanentes, était-elle non sécuritaire, plaisante)?
- Quelle était l’intention de la personne présumée abuseur (donner du plaisir, prendre le contrôle, faire mal)?
BDSM ou assaut?
L’établissement d’un cadre relationnel sain, sécuritaire et consenti constitue une réponse face à l’importance des cas de violence conjugale.
Les échanges de pouvoir érotiques devenant de plus en plus «mainstream», certaines personnes en profitent pour tirer avantage de la vulnérabilité des hommes et les femmes qui apprécient ces pratiques.
Cela complexifie la tâche de ces derniers tout comme celle des professionnels de la santé, des forces de l’ordre et des services sociaux qui ont à gérer les cas d’assaut et d’abus physique.
Si la personne porte des marques physiques, vous pouvez les juger à la lumière des indications suivantes :
- Les activités BDSM causent rarement des marques faciales ou sur les avant-bras (gestes de défense).
- Généralement, les marques résultant de jeux BDSM sont de formes assez régulières. Ce qui est une indication que la personne soumise gardait sa position.
- Les marques causées par la canne et le martinet sont souvent bien localisées. Dans les cas d’abus, les marbrures se retrouvent plutôt ici et là sur le corps.
- Les endroits les plus communément stimulés durant les interactions sado-masochistes sont les fesses, les cuisses, le dos, les seins et les organes génitaux.
BDSM ou abus?
Quel que soit son rôle (dominante ou soumise), une personne qui répond « non » à l’une des questions suivantes, présente de fortes chances de souffrir (ou d’avoir souffert) d’abus :
- Vos besoins et vos limites sont-ils respectés?
- Est-ce que la relation repose sur l’honnêteté, la confiance et le respect?
- Êtes-vous en mesure d’exprimer vos sentiments de culpabilité, de jalousie ou de tristesse?
- Êtes-vous capable de fonctionner au quotidien?
- Pouvez-vous refuser de participer à des activités illégales?
- Pouvez-vous insister pour avoir des relations sexuelles protégées?
- Avez-vous le choix d’interagir en toute liberté avec d’autres personnes en dehors de votre relation?
- Pouvez-vous quitter la situation sans craindre d’être victime de violence ou que l’(es) autre(s) participant(s) se fasse(nt) violence par elle(eux)-même(s)?
- Pouvez-vous prendre des décisions par vous-même touchant votre argent, votre travail ou votre vie en général?
- Vous sentez-vous libre de discuter de vos pratiques et sentiments avec qui vous voulez?
Ces trois grilles de questions sont des adaptations de documents provenant de la National Coalition for Sexual Freedom.
Le consentement est une clef
Dans les jeux BDSM, le consentement s’apparente à la clef de la maison, qui permet d’entrer et de sortir.
Andre Outrescaut écrit :
Votre article sur le consentement est bien fait , en effet si on n’avait pas très envie d’être dominé ce ne serait pas un consentement réel mais dans l’autre cas bien et il n’y a rien à redire à cela , chacun mène sa vie comme il le peut et si c’est ainsi qu’il le veut c’est très bien .CQFD