L’article Les degrés la soumission érotique fut publié dans le magazine Corps & Âme en 2003. Il est une adaptation par Valmont du texte ‘9 levels of submission’ de Diane Vera, publié initialement dans ‘The Lesbian S/M Safety Manual’ par Pat Califia, Lace/Alyson Press, Boston, 1988 (selon cette source).
Première parution : septembre 2001
Dernière mise à jour : 30 octobre 2005
La soumission… un état qui renvoie à bien des fantasmes et des clichés. Entre la personne qui veut se soumettre de temps à autre et selon ses termes, et celle qui veut abdiquer tout pouvoir en tout temps, il y a beaucoup d’espace de terrain. Il existe bien des degrés de soumission dans la sphère érotique.
Dans le monde BDSM, une multitude de termes servent à désigner la personne qui se soumet : soumise, esclave, servante, soubrette, bonniche, pouliche, poupée, jouet, catin, chienne, etc.
Plusieurs francophones utilisent même leurs équivalents en anglais : sub (pour submissive), slave (pour esclave), bottom (littéralement : dessous, par rapport à Top, dessus, dominant; termes issus du monde gai), student (pour pupille, élève, apprenti-e), doll, toy, pet, boy, girl, ponygirl, ponyboy, maid, french maid, sissy maid.
Tout ça pour dire que vous avez le choix des armes.
Table des matières de cet article
L’importance de valider les mots
Si certains mots sont parfois utilisés sans distinction, plusieurs renvoient à un état bien spécifique de soumission. D’où les fréquents malentendus entre personnes désirant se soumettre et les personnes souhaitant dominer.
Si une personne vous déclare vouloir devenir votre esclave dévouée, comme personne dominante, vous avez intérêt à savoir ce qu’elle veut dire.
Est-ce qu’elle entend par là la scène du samedi soir, autour d’un souper aux chandelles, avec des menottes Fisher-Price au dessert? Ou aspire-t-elle secrètement à une relation BDSM à long terme avec camps d’entraînement estivaux en Hongrie pour vos vacances annuelles?
D’où l’importance d’une franche et saine discussion de fond entre les partenaires impliqués avant d’entrer en interaction.
Car on n’entre pas dans les grandes discussions une fois ligotée. Il est un peu tard pour y penser. Même si rien n’empêche de recourir au veto et dire on arrête tout, à tout moment.
On a le droit de changer d’idée.
De l’utilité des degrés de soumission
Dans les années 1980, Diane Vera, publiait dans The Lesbian S/M Safety Manual, un texte intitulé Nine levels of submission. Il est devenu depuis ce temps un document de référence.
Les gens qui veulent explorer ensemble peuvent s’en servir dans leur processus de négociation.
Les exemples données peuvent servir à clarifier les intentions de part et d’autre. On peut les voir comme des balises pour nous aider à nous situer, à définir ce qui nous anime, à mieux comprendre certaines attentes, comment chacun voit tout ça.
Se soumettre… au delà des clichés… que veut-elle dire par là? que sait-elle de ses désirs? connaît-elle ses limites? à quoi elle s’attend?
Pour la personne dominante, ces degrés donnent une certaine indication de la soumission fantasmée ou vécue par la personne soumise. Elle saura mieux si elle est en mesure de répondre aux besoins exprimés, de la diriger, de veiller à sa sécurité tout en la dominant, etc.
Pour se donner des balises
Les degrés de soumission érotique que vous lirez plus bas sont à prendre comme des balises pour nous aiguiller dans notre cheminement.
Ce n’est pas une échelle où l’on débute par un premier stade, léger, pour déboucher, progressivement, vers des stades plus avancés ou extrêmes. Ni une classification rigide, ni un jugement de valeurs, ce n’est pas non plus un palmarès de ce qu’est une « bonne » ou une « vraie » soumise.
Si vous demandez à dix personnes soumises de définir leur soumission, vous risquez fort d’obtenir dix réponses très différentes et nuancées pouvant emprunter à plus d’un degré, selon l’interlocuteur, les circonstances, le feeling.
À chacun de tracer ses besoins et ses limites.
Même dans les cercles BDSM, tous ne s’entendent pas. Être soumise ne veut pas dire que vous devez accepter les jeux de douleur, par exemple.
Trop fréquemment, on entend dire qu’« elle, elle n’est pas une vraie soumise car elle refuse certaines choses ». Même constat pour les gens polyvalents (switch) : « ah c’est pas une vraie soumise, elle. Durant la soirée, elle et son partenaire changent de rôles. »
Si on tente de vous faire croire ces choses, n’en croyez rien. On peut très bien affectionner les jeux de douleur sans vouloir « se soumettre » forcément. Tout comme on peut être fortement attirée par les jeux de soumission sans être masochiste.
Enough said.
Place aux neuf degrés de soumission, selon Diane Vera.
Les neufs degrés de la soumission érotique
1. La personne carrément masochiste mais non soumise ou le libertinage sensualiste
Pas de servitude, de scènes d’humiliation ou d’échange de pouvoir. Certaines formes de douleur et/ou une sexualité épicée, genre petites rudesses animales…
Plus un trip des sens à ses conditions et pour son plaisir direct que le fait d’être utilisé pour assouvir le sadisme du partenaire. Pas du genre à allumer sur les jeux de douleur/plaisir ou à être attirée par des sports plus extrêmes.
2. Pseudo partenaire de jeu(x)
Apprécie la panoplie des jeux de rôles légers (scènes de la petite école, jouer au docteur, jouer aux cowboys/Indiens, l’infantilisme, le travestisme forcé). Aucune forme de servitude au menu, même une fois dans le rôle.
Dirige largement la scène. Cette personne compte généralement plusieurs partenaires de jeux sur une base non permanente ou sans engagement véritable.
3. Pseudo-soumise
Aime jouer à la personne soumise «pour voir» c’est quoi l’état de servitude. Peut à l’occasion aimer se sentir utilisée pour assouvir les pulsions sadiques de l’autre partenaire. Peut même aller jusqu’à le-la servir dans certains cas, mais à ses propres conditions.
Dirige largement la scène, parfois fétichiste (adoration des pieds, par ex.). N’a pas nécessairement d’engagement émotionnel envers la personne dominante. Ne désire pas être « dressée » pour la soumission. Ne cède pas beaucoup de contrôle, sinon pour de brefs moments. Désire une variété de partenaires de jeux. Peut être avec une personne dominante quelque temps, sans être prête à céder réellement le contrôle.
4. Personne soumise dans les jeux de rôles définitivement non esclave
Offre une partie de sa volonté seulement sur des bases temporaires et à l’intérieur de limites spécifiques. Servir ou être utilisée ne sont pas des sources de satisfaction pour cette personne.
Le suspense l’allume, tout comme le fait de se sentir vulnérable et de céder ses responsabilités. Ne dirige pas la scène sauf à quelques exceptions. Recherche surtout son propre plaisir, plutôt que celui de la personne dominante. Joue à fond durant la scène, elle en sort une fois que tout est terminé.
5. Personne soumise-jouet
Lâche rarement prise hormis peut-être sur des bases temporaires, durant de brèves scènes et à l’intérieur de limites bien spécifiques. Retire sa satisfaction dans le fait de servir/d’être utilisée par la personne dominante pour des motifs de plaisirs, généralement érotiques. Cherche son propre plaisir avant tout.
6. Soumis-e
Donne réellement le pouvoir à la personne dominante (généralement à l’intérieur de certaines limites). Veut être utilisée par la personne dominante. Souhaite offrir ses services à des fins érotiques, ou non.
Elle peut même se glisser dans un rôle d’esclave à temps plein durant quelques jours.
A généralement une relation à long terme avec son-sa Maître-sse, relation faisant l’objet d’un contrat et d’un engagement profond. Plus dévouée aux besoins, demandes et désirs de la personne dominante, qu’aux siens propres. Elle tire généralement son plaisir du besoin viscéral de servir son-sa Maître-sse. Retire une fierté de son service. Généralement bien entrainée.
Certaines de ces personnes peuvent vivre avec leur Maître-sse sur une base partielle ou à temps plein, bien que ce ne soit pas toujours le cas.
La majorité des personnes soumises portent le collier de leur Maître-sse.
7. Soumise consensuelle mais réelle esclave, à temps partiel
Dans une relation suivie et se considère la propriété de son-sa Maître-sse en tout temps. Veut lui obéir et lui plaire sur tous les plans dans la vie, érotiques et non érotiques. Peut dédier une partie de son temps à d’autres engagements mais Maître-sse a le dernier mot sur ses temps libres. Parfois, une entente spécifique et écrite lie les parties.
8. Esclave à temps plein sur une base consentie
Hormis quelques aspects et limites, cette personne considère n’exister que pour le bien-être et le plaisir de son-sa Maître-sse. Elle s’attend à être reçue comme un cadeau de grand prix (propriété) et traitée conséquemment.
Un grand nombre d’esclaves cumulent les tâches professionnelles et ménagères. Certains.es iront jusqu’à verser leur salaire à la personne dominante, afin qu’il-elle en prenne soin.
Vu par le prisme du BDSM, un tel arrangement tient compte du consentement de la personne esclave. Il reconnaît explicitement les dangers d’un tel statut, par l’échange de pouvoir en cause. Cela se traduit alors, chez certains, par des pré-arrangements plus clairs et définis que dans bien des contrats de mariage traditionnels…
9. Esclave entière et sans limites sur une base consentie
Fantasme répandu, difficile à appliquer dans la vie quotidienne d’une personne normalement constituée, sinon pour une courte période.
Certains puristes insistent sur le fait que vous n’êtes pas réellement esclave tant que vous n’acceptez pas de faire absolument tout ce que la personne dominante vous demande. Ça me semble un peu court, encore une fois. Pour ne pas dire déconnecté de la réalité. La fameuse plate réalité.
Plusieurs se réclament de l’esclavagisme total sans limites…. bien que nous ayons tous et toutes nos limites, quelles qu’elles soient.
Croire le contraire est illusoire.
Un autre regard sur les degrés de soumission érotique
L’avantage de ce texte, c’est qu’il offre des mises en situation susceptibles de donner une bonne idée aux personnes qui en discutent.
Je préfère néanmoins l’approche moins poétique, plus structurée des degrés d’obéissance et de la soumission érotique de Sar, dans La soumise, la servante, l’esclave et la propriété : termes et caractéristiques de la soumission érotique.
tanyaML écrit :
Bonjour.
J’aime beaucoup le texte sur les neuf degrès de soumission que vous publiez en intro. C’est pourquoi j’aimerais bien faire figurer celui-ci dans mon blog.
C’est pourquo je vous en demande l’autorisation sachant bien sur que la source du texte serait clairement indiquée.
Espérant une réponse favorable
tanyaML
Monsieur Valmont écrit :
Bonjour mlle,
Si je comprends bien le sens de votre requête, vous souhaitez publier dans votre blogue le texte d’intro in-texto de ce billet?