Domination érotique et flow? On entend parler des états altérés de conscience induits par certaines pratiques BDSM, le plus souvent du côté de la personne qui « reçoit », le fameux subspace, beaucoup moins du côté de la personne qui domine la scène et peut se retrouver dans une zone « où la concentration devient si intense que tout le reste disparaît. »
Dernière mise à jour : 12 juillet 2021.
Le flow est un « état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans une activité et qu’elle se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement ». 1
Autrement dit, dans cet état, t’es d’dans. Pendant un moment, le sujet a l’impression d’accomplir parfaitement chacun de ses gestes. Les situations comme les actions à effectuer se présentent de façon très claire.
Un autre trait distinctif du flow, « le sentiment de joie, d’euphorie, voire d’extase pendant une activité ».
Des catégories d’états de conscience altérés
Les états de flow forment l’une des catégories d’états de conscience altérés, au même titre que les états mystiques, que procurent notamment la méditation et la prière à genoux en montant les marches de l’Oratoire, et les états psychédéliques, atteignables à l’aide d’une quelconque pharmacopée, naturelle ou fabriquée, déambulant plutôt du côté du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges un soir de pleine lune.
Une expérience de flow
« Voici les six aspects d’une expérience de flow :
- « concentration intense focalisée sur le moment présent ;
- « disparition de la distance entre le sujet et l’objet ;
- « perte du sentiment de conscience de soi ;
- « sensation de contrôle et de puissance sur l’activité ou la situation ;
- « distorsion de la perception du temps ;
- « l’activité est en soi source de satisfaction. » 2
On peut voir ça chez le sportif, le gamer, chez l’amateur de pratiques BDSM, le lecteur de Patrick Sénécal. Le philatéliste? Euh, oui sans doute…
Le flow et la domination érotique
On jurerait que Mihály Csíkszentmihályi, celui qui a donné son nom au phénomène, décrit l’expérience d’une séance de domination érotique particulièrement réussie. J’ai abordé dans le billet Kokoro, subspace et état de flow sur les flots bleus de l’hiver de force, ce sujet fascinant qu’est le flow dans un contexte BDSM.
La personne qui domine la scène est concentrée dans ce qu’elle fait, attentive à la personne soumise, à ses réactions, aux effets de ses diableries, aux détails, à la sécurité, au contexte, aux possibilités. Elle fait bulle avec la personne, l’enveloppe, la prend, lui parle, ou pas. Elle dirige et redirige toute l’énergie de la rivière impétueuse ainsi déclenchée…
Pendant que la personne soumise a des chances de se glisser dans un état second appelé subspace, une forme de transe pour faire court, et qui existe en plusieurs versions, la personne dominante peut aussi se retrouver dans un espace physique et mental qu’on pourrait appeler la domsphère. Topspace chez les Bretons. Ou encore Domspace. Un état de grâce.
Il existe sans doute plusieurs versions des états de conscience altérés vécus par la personne dominante lors d’une scène BDSM. Un (beau) sujet à creuser.
La concentration du fouet
Dans le flow d’une scène de domination érotique, les compétences répondent aux défis de la confiance. La danse des sens devient transe. Ma domination nourrit la bête qui m’habite et prend la forme d’un félin, d’un loup ou d’un chien qui mord sa chienne, voire d’un marsupilami dans un nid palombien. Tous les flux de l’échange avec elle maintiennent cet état d’éveil et de contrôle, de découverte et de bien-être. Tout va très bien.
Et on ne voit pas le temps passer…
« On a accès à un monde plus riche, mais avant tout plus signifiant que celui dans lequel se trouve notre conscience normale. C’est cet aspect significatif qui lie de manière fondamentale de tels états altérés de conscience avec l’expérience religieuse. » 3
C’est la concentration du fouet. Avec ses caresses chaudes à 360 degrés de latitude. Satisfaction cannibale. Ses zébrures fumantes sur les fesses, le dos. L’âme à nu.
Mais d’abord, commençons avec les mains. Venez ici, soumise.
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