La question vient inévitablement sur le tapis en matière d’éducation aux pratiques BDSM : comment apprendre le BDSM? Que dois-je apprendre? Ai-je des traits à changer? Puis-je m’améliorer?
Il existe plusieurs écoles de pensée face aux questions de l’apprentissage des pratiques BDSM. Voyons voir en quelques traits.
L’école Disney
Tout le monde est bon, tout le monde est beau. Même les méchants.es, les imbéciles et les abuseurs.ses sont en réalité de bonnes personnes.
L’école naturaliste
Selon les tenants de cette école, tu l’as ou tu l’as pas.
C’est très simple : la domination est naturelle. La soumission est naturelle. La nature a voulu aussi que naturellement, la femme soit soumise à l’homme. Un homme qui se soumet aux femmes ou aux autres hommes, quelle larve! Comment peut-on respecter un tel homme?
L’école naturaliste (bis)
Selon les tenants de cette école, tu l’as ou tu l’as pas. C’est très simple : la domination est naturelle. La soumission est naturelle. La nature a voulu aussi que naturellement, l’homme soit soumise à la femme. Une femme qui se soumet aux hommes ne connait pas ses pouvoirs!
La domination féminine érigée en système philosophique et politique. La prochaine révolution sera celle de la prise du pouvoir des femmes.
L’école buissonnière
Le BDSM, c’est comme le sexe, ça ne s’apprend pas.
L’école philosophique
Ils ont lu tous les livres des penseurs américains, les seuls habilités à en parler avec autorité : Jay Wiseman, John Warren, Gloria Brame, Pat Califia, John Jacobs, name it.
Malheureusement, les doms de cette école se demandent où sont les soumises, n’en trouvent pas sinon pour les échapper aussitôt.
Les soumises de cette école cherchent LE dom qui répond au portrait-robot qu’elles s’en font.
L’école structuraliste
Ça a lu Foucault, Lacan. Ça a un faible pour Genet. Et ça connaît les post-féministes américaines par leur middlename.
Pour les tenants de cette école, le sexe est pouvoir, le BDSM est pouvoir, tout est pouvoir, y compris le pouvoir.
L’institut d’hôtellerie
Ils ont lu tous les guides et les livres de recettes : « Comment dominer en 5 leçons », « Le ligotage pour les nuls », « De l’utilisation du cocotte-minute ».
Le BDSM par procuration
Les tenant de cette école n’en ont que pour la fiction, la seule qui soit à la hauteur de leurs idéaux fantasmatiques. Que cette fiction soit livresque ou cinématique.
Dans les oeuvres de fiction, toutes les soumises ont des corps de mannequins, elles sont toutes jeunes et novices; toutes les dominas sont diaboliquement belles, portent cuissardes, sont cruelles.
Dans ces oeuvres, les dominants à la tempe grisonnante et au regard d’acier font ce qui leur passe par la queue tête, savent tout faire, devinent les moindres pensées et besoins des personnes soumises aussi nombreuses que dociles.
L’école McDo
Selon les tenants de cette école, on ne peut sérieusement dominer une autre personne si l’on n’a jamais appris au préalable à se soumettre.
L’apprentissage sur le tas
Le BDSM, ça ne peut s’apprendre qu’en fréquentant les soirées fétichistes publiques et privées. De préférence quand le stroboscope est en furie, que les enceintes acoustiques crachent 400 décibels au quart de tour et que ça sent le caoutchouc latex au jambon.
Or, pour reprendre des propos tenus un jour par l’homme de théâtre Michel Tremblay, « je veux bien que les gens apprennent leur métier (de critique de théâtre) sur le tas, mais je veux pas être le tas! »
Nathalie écrit :
j’adore… je vous redécouvre avec plaisir et je m’amuse à vous lire.
Je dois avouer que cela fait bien quelques années que je n’étais pas venu sur votre blog. je crois que je suis naturaliste… on est ou on n’est pas … on nait pas… comme ça, ou on est construit de cette façon.
J’en ai pour preuve les hommes croisées dans ma vie qui “essayaient” de me faire plaisir en “essayant” d’être dominant…. lol… amusant mais trés peu spontanné..
La dernière remarque qu’on ma faite et qui m’a fait sourire à la vue d’une photo d’une certaine partie de mon corps ayant subit un bondage dans les régles de l’art… c’est “ah oui ! … la photo de tes seins avec des ficelles…. ”
Gloups…
on est ou on est pas…
erospower écrit :
J’adore ! Merci de cette justesse qui m’offre un sourire qui reste… ?
Louis écrit :
Mais quelle est votre école ? ?
Monsieur Valmont écrit :
@Louis : l’école des femmes ;- )
petite française écrit :
J’ai bien ri ! tellement juste.
Mais justement, ce sont des écoles de pensées…
Pour l’action, on signe où ?
B
Monsieur Valmont écrit :
@petite française : tout dépend du type d’action que vous recherchez…
DameLilou écrit :
Ca vient d’ou ces écoles de pensées Valmont?
Chose certaine j’y reconnait plein de Dom qui ont voulu me donner des conseils!
J’aime bien l’idée de me reconnaitre comme naturaliste mais lire les 2 naturalistes je choisi le bi 😉
Monsieur Valmont écrit :
Quinze ans d’observations de la faune bdsmique.
Vacuite écrit :
Et si je disais : l’Ecole de mon Maître?
zleas écrit :
Il y a des mois que je ne suis pas venue sur votre site. Cet article m’a fait sourire, vous avez tellement raison.
Avec 6 ans d’expérience tant au niveau soumise que dominatrice,j’ai appris en lisant, en regardant mais surtout en expérimentant toutes sortes d’avenues diverses. Oui je suis d’avis qu’on est ou on est pas mais la pratique nous aide à développer encore plus le côté fort en nous c’est à dire soit la soumission ou la domination qui nous interpelle le plus.
On ne peut s’improviser à la légère, il faut travailler ce trait de notre personnalité afin d’être à la hauteur de ce que nous voulons partager avec l’autre.
Zléas
Maitre JF écrit :
Vraiment comique cet article.Génial.
Maitre JF