Je suis de l’école où la Ds est l’ossature de la relation d’échange de pouvoir érotique entre la soumise et son Guide.
La Ds comme le jardinage domestique où l’on mange nos herbes et nos petits fruits. C’est une activité très concrète, utilitaire, thérapeutique, très simple.
Le BDSM pour guérir les bobos du corps et de l’âme… enfin, disons que c’est plus de la prévention.. :- ))
Dans ce contexte, les activités BD et SM sont des outils à ma disposition pour apprendre à la soumise à s’abandonner. Mes tuteurs de bambou pour mes tomates ont finalement plus d’une utilité, voilà qui est bien.
C’est là pour moi le but ultime de la démarche : lui apprendre à s’abandonner corps et âme, petit à petit.
Il se peut très bien d’ailleurs que de temps à autres, je n’utilise ni le BD ni le SM pour y parvenir. Ce ne sont pas des fins en soi ces machins-là.
Par ailleurs, malgré mon goût prononcé pour la mise en scène et la mascarade, le conformisme guignolesque pseudo-fétichiste black’n’leather me laisse de marbre.. je trouve la lumière infiniment plus stimulante que les ombres de la nuit, plus révélatrice, risquant d’en livrer davantage…
Mais enfin, à chacun son style et ses jeux, et les troupeaux seront bien gardés, dit l’adage.
La mystique de la faute / punition
Mais au delà du style fréquemment invoqué pour justifier certaines pratiques, j’ai toujours beaucoup de difficulté avec cette mystique de la faute (réelle ou imaginaire) et de la punition/rédemption exprimée presque partout dans l’internet bdsm francophone.
Quand je lis des propos selon lesquels la soumise doit rechercher la punition, voire transgresser les règles afin d’obtenir sa punition (formulé sur le mode et le ton de la récompense), je ne peux faire autrement que de (me) demander à quoi on joue.
Si la soumise souhaite apprendre à s’abandonner, cet apprentissage demande de la part du dominant du temps, de la cohérence, un suivi lent, progressif, où la punition possède son utilité dissuasive, un peu l’équivalent de la bombe atomique à l’échelle des nations, je dirais.
Mais cette punition n’est jamais l’outil de renforcement principal, quotidien. Du moins si on veut induire un renforcement positif.
Si le renforcement négatif fonctionnait, ça se saurait. Les prisons seraient moins pleines.
La récompense, outil de renforcement (du plant de tomate)
C’est avec la récompense, outil de renforcement par excellence, que le dominant sanctionne le comportement, l’attitude, les paroles et les gestes de la personne soumise.
Il n’est pas dit d’ailleurs que cette récompense ne puisse être de la douleur… transmutée en plaisir.. :- )
S’il peut s’avérer excitant d’être injuste et arbitraire d’utiliser ce pouvoir discrétionnaire délicieux de malice que nous confère notre rang propriétaire (allons nous engager dans la police mexicaine), il me semble que son application doive être bien rare, et même circonstancielle.
Si l’arbitraire devient la norme, je me suis toujours demandé quel signal on envoyait alors à la soumise qui ne pourra que se sentir de plus en plus confuse :
Vous me direz que dans un contexte SM sweet & pure, tout cela est bel et bien bon, et qu’on en a cure de l’apprentissage de la soumission. On veut s’amuser, sous les pavés la fessée, à bas les règles, life is short. C’est rien que des jeux entre adultes consentants.
C’est tout à fait vrai et juste. La masochiste obéit à d’autres ressorts…
Reste qu’out there, il y a beaucoup plus de soumises que de masochistes, et c’est plein de doms-mes qui veulent faire des masochistes avec des soumises, et des soumises avec des masochistes…
… et c’est ce qui crée le plus de difficultés pour beaucoup de gens.
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