Le texte Les caractéristiques d’un dominant de Polly Peachum est une vue de la domination par une soumise.
La domination vue par un Dominant, qu’en est-il réellement?
J’ajouterais aux caractéristiques déjà mentionnées dans le texte de Peachum trois facteurs importants : le temps à investir, la capacité de reconnaître ses propres limites comme Dominant, et la capacité de se rendre vulnérable sans se mettre en danger.
Voyons voir plus en détail.
Le temps à investir
Apprendre la soumission à une personne dans le cadre d’une relation de domination/soumission érotique, requiert un investissement important en temps, en émotions, en énergies, en ressources. C’est pas vrai que ça se fait bing bang paf.
Bien sûr, on peut vivre un trip extraordinaire dans une soirée à jouer avec une ou plusieurs personnes que l’on ne connaissait pas quelques heures plus tôt.
Mais ça le dit, c’est pour jouer, ce qui est assez différent du relationnel.
Dominer une soumise, ça prend du temps. Il faut que le Dominant ait du temps à consacrer à cette personne qui dit vouloir se soumettre. Dans son apprentissage, dans leurs contacts et leurs interactions, dans les après-séances, dans leurs discussions.
Déjà, juste reconnaître ce qu’elle est, identifier ses motivations, ses besoins et ses désirs, accorder les différents niveaux de communication, ces choses prennent du temps.
- en émotions : dominer c’est aimer autrement. C’est exigeant, ce peut être dur parfois d’exiger.
- en énergies : dominer c’est se donner corps et âme à l’autre.
- en ressources : se ressourcer, apprendre sur les activités qui l’excite que l’on ne connaît pas nécessairement, se perfectionner dans ce qui nous intéresse.
Reconnaître ses propres limites
Reconnaître ses limites comme dominant, c’est par exemple faire l’activité seulement quand le dominant est prêt. Quitte à passer par dessus sa vanité de dominant au bénéfice de la sécurité de la personne soumise. Quitte à passer par-dessus cette image idiote du dom omniscient qui sait tout qui comprend tout qui prévoit tout.
Quand je vous parle de limites, en termes de dominant, voici un exemple simple. Si la soumise demande à être offerte à dix hommes sous votre supervision, à moins que vous n’ayez de l’expérience en la matière, croyez-vous que vous allez réaliser cette activité demain matin?
D’un autre côté, beaucoup de dominants réfuteront ce type de fantasme au profit des leurs, possiblement moins exigeants en termes d’exploration des limites du dominant…
Se rendre vulnérable sans se mettre en danger
Peut-être la notion la plus difficile à saisir dans le contexte d’un dominant. De l’extérieur, la domination est perçue comme un contrôle de tous les instants. Alors qu’il n’en est rien. Enfin, tel que je perçois et conçois l’échange de pouvoir érotique.
Ne pas chercher à contrôler tous les aspects, chaque geste, ce sont à mon sens des occasions d’écoute qui peuvent permettre de pousser plus loin une émotion, une sensation. Ne pas « écouter » ce que la personne soumise a à dire, verbalement ou dans les non-dits, à son corps défendant, c’est se priver de renseignements bien utiles.
VéroPapillon écrit :
“Si la soumise demande à…”
La soumise peut-elle dicter ses volontés, les suggère t-elle ? Dans quelles conditions, une soumise peut-elle assouvir ses propres fantasmes sexuels ? Si elle fait part de ses fantasmes, le dominant y accedera t-il, risquera t-il d’en perdre alors son statut ? Cherchera t-il plutôt la frustration de sa soumise ?
Pour résumer, ma question est : quelle écoute le dominant porte t-il aux fantasmes de sa soumise ?
Bon peut-être que quelqu’un y a déjà répondu ailleurs, dans ce cas merci de m’orienter au bon endroit ( sans bandeau sur les yeux, j’ai besoin de voir le clavier !)
Bien à vous toutes et tous
Véronique (qui s’intéresse de près “jeux de rôles”)
Maître H écrit :
La soumise n’a pas à “dicter ses volontés”, ni à les suggérer d’ailleurs, car le Maître, pour oeuvrer efficacement, se doit d’obtenir de Sa soumise le maximum d’informations. C’est Son devoir à Lui de la questionner, afin de connaître ses limites, ses états d’âme et, par la bande, ses fantasmes. À partir du moment où le Maître sait ce qui fait mouiller la petite culote de Sa soumise (si elle en porte!), l’utilisation des fantasmes devient un puissant outil, essenciel même, pour la faire progresser, aller toujours plus loin et faire reculer ses limites. Cela ne veut pas dire que le Maître doit obligatoirement mettre en oeuvre des scénarios pour réaliser tout les fantasmes de Sa protégée, là, tout de suite. Parfois, la soumise a juste besoin de savoir que cela est possible… De toute façon, obéir, servir et plaire à son Maître, le savoir comblé, n’est-ce pas là le fantasme ultime de la soumise? N’est ce pas en pensant à cela qu’elle puise toute sa motivation?
Maître H
VéroPapillon écrit :
En lisant votre réponse, je ne peux m’empêcher de me poser d’autres questions. Questions que je me suis déjà posées en sens inverse, domination féminine/soumission masculine mais je pense qu’elles peuvent être valables ici.
Est-ce que les dominants (ho/fe) ne sont pas finallement “manipulés” (ça, ça risque de ne pas plaire mais je ne trouve pas d’autres mots) par les fantasmes ou envies des soumis(es) qui ont le rôle “fort” de l’histoire, au détriment des leurs. Peut-être que c’est moins présent dans la domination masculine ?
S’il y a ailleurs des éléments de réponses, merci de m’y orienter.
VéroPapillon
Monsieur Valmont écrit :
Vos questions, Mademoiselle VéroPapillon, ce sont des questions que tôt ou tard, la personne dominante se pose, car dans la réalité concrète des choses, hors des oeuvres de fiction et d’un certain folklore, il devient évident que l’échange de pouvoir ne se fait pas sans heurts.
lys écrit :
Tout a fait en accord avec Maitre H …
mais voyons donc une soumise qui veut se faire prendre par 10 hommes en meme temps chez moi on appelle ca de l’echangisme, du jeu,fantasme, du non respect de sa personne, une petite estime de soi etc … mais ou le mot soumission est la dedans …
j’ai pour mon dire que la soumission se realise a 2 Lui et elle (ou 3 mais pas 10,6,8 etc …). Lui veux partager des scenarios avec elle, mais pas au prix de sa relation serieuse.
Ici je parle bien sure d’une relation stable et complice.
J’ai toujours dit qu’etre Dominant n’est pas tache facile, je suis cerebrale alors tres curieuse, volubile, parfois impatiente, ouverte et questionneuse, alors le Dominant qui m’aura entre les doigts doit-etre tous les qualificatifs que Vous disiez cher Mr Valmont.
Ceci dit c’est bien beau experienmenter mais au détrimant de qui ou de quoi ?
lys
Valmont écrit :
Pendant que je rédigeais mon commentaire précédent, une soumise cérébrale se demande où se trouve la soumission dans l’expression/réalisation d’un fantasme de jeu sexuel de groupe.
Et pourquoi pas?
Si la soumise parvient à donner forme à un fantasme puissant en elle “en se servant” de son Maître comme point d’appui (pour sa confiance, sa sécurité, l’après-séance), pourquoi pas?
Bon d’accord, c’était la version “lylia”… je reformule… :- >
Qu’ils soient tous deux dans une relation sérieuse, stable et complice ou non, si le Maître se sert des pouvoirs que lui confère la soumise, s’il utilise son capital de confiance en vue de lui permettre de vivre un fantasme en toute sécurité, pourquoi pas? Où est le problème? N’est-ce pas à ça que “sert” le bdsm?
Je veux bien que plusieurs pratiquent le bdsm sans aucune génitalité, c’est leur droit le plus strict. Je veux bien croire que le bdsm ne se dissout pas dans l’échangisme, car ce sont des pratiques aux antipodes sur le plan des principes, l’une étant fondée sur la liberté (relative ou totale), et l’autre sur la contrainte.
Le bdsm est un moyen et non une fin, il ne se résume pas à une activité spécifique. On peut très bien se servir du bdsm pour la faire arrêter de fumer (avec beaucoup de corde et un bon baillon, il va sans dire)…
lys écrit :
Cher Mr Valmont
tout a fait d’accord avec ce créno : Maître se sert des pouvoirs que lui confère la soumise, s’il utilise son capital de confiance en vue de lui permettre de vivre un fantasme en toute sécurité …
je pratique le BDSM avec génitalité et vrai que le BDSM ne se résume pas à une activité spécifique ….
je vois la D/s comme etant plus que réaliser ses fantasmes, pour moi le D/s est servir, grandir, perfectionner pour que la soumise soit ce que le Maitre veux de sa soumise ( etre son miroir ). je peux facilement realiser mes fantasmes avec un homme totalement vanille alors pourquoi je partagerais cela avec un Maitre ? etre pres d’un Maitre pour moi est de realiser ma soumission et lui sa Domination et non le realisme de N/nos fantasmes.le D/s est tres dure a partager avec un Vanille ou quelqu’un qui est hors du contexte BDSM …
desolee d’etre aussi conformiste et différente …
respectueusement Votre
lys
Maître H écrit :
Mais pourquoi donc ces excuses, chère lys? Ce sont les différences d’oppinions qui rendent les discussions intéressantes. De plus, vos propos ont beaucoup de sens.
Maître H
Monsieur Valmont écrit :
Ça a du bon le conformisme, ça permet d’aller au delà.. de le surprendre… :- )
fidelle écrit :
En lisant les différents commentaires, j’ai eu envie de parler de ce que je vis.
Me définissant moi aussi comme une soumise cérébrale, je ne me soumets pas à mon Maître dans le but qu’Il me fasse vivre tel ou tel fantasme spécifique. Bien sûr, étant donné que je me dois de me confier à Lui sans censure, Il connaît les idées perverses que j’ai en tête. (Quand on fantasme sur la soumission, il est normal de se la représenter sous forme d’images sexuelles et, pourquoi pas, perverses.) Mais ma motivation à me soumettre ne consiste pas à les réaliser absolument mais plutôt à servir mon Maître selon Ses exigences et désirs de toutes sortes, à Lui obéir et à Lui plaire. À vrai dire, je ne sais même pas si je souhaite vraiment vivre un jour tout ce qui me passe par la tête! Mais j’aime penser que ma motivation permettra à Maître H de me modeler à Son goût et d’en tirer profit au maximum (sans verser dans l’abus, faut-il encore le préciser). C’est là mon plus grand fantasme, le seul que je Lui demande humblement de bien vouloir réaliser. Et laissez-moi vous dire qu’Il m’oblige à le quémander ce désir! C’est souvent dur pour l’orgueil! Mais le sentiment de soumission obtenu en bout de ligne en vaut le coup!
Par conséquent, pour avoir le sentiment d’être réellement dominée, j’ai besoin de sentir qu’Il souhaite me faire progresser vers un don de soi toujours plus grand. Ainsi, lorsqu’Il choisit de mettre en œuvre une de mes images mentales, il est important pour moi qu’Il ait une idée derrière la tête autre que le désir de me faire plaisir gratuitement (ce qui, à mon avis, ressemblerait davantage à un jeu kinky entre un homme et une femme voulant mettre du piquant dans leur vie sexuelle). Jusqu’à maintenant, les scénarios qu’Il a mis sur pied ont servi par exemple à faire grandir ma confiance en Lui, à consolider mon estime de moi-même, à faire tomber certains de mes blocages, à me féliciter, à m’apprendre l’humilité, à me montrer qu’Il se soucie de moi, à me donner des occasions de Le servir, etc. Lorsque je vis ces scénarios comprenant ou non des éléments sortis de mon imagination fertile, je me sens guidée et dominée, ce qui me donne encore plus envie de satisfaire Ses désirs.
je termine en disant que, dans une soirée, lorsque mon Maître me fait vivre quelque chose d’humiliant ou de troublant comprenant des interactions avec d’autres, je me sens plus à l’aise si je sais que les autres soumises partagent ma vision des choses. Quand ce n’est pas le cas, je m’en remets à la vigilance de mon Maître, car vivre quelque chose de difficile pour le bénéfice d’une soumise qui aurait manipulé son Maître et, par conséquent, les autres Maîtres me déplairait. j’aurais l’impression d’avoir servi une fausse soumise, ce que ni Lui ni moi ne souhaitons. C’est beaucoup plus satisfaisant lorsque tous les participants d’un scénario voient les choses du même œil.
lys écrit :
Que dire de plus ….
merci ! fidelle tu as ecrit mes pensées ….
lys