Ça fait plusieurs fois que je vois passer ce propos dans les espaces BDSM. Ainsi, la relation BDSM et la relation vanille, ce serait schtroumpf-bouteille et tire-bouchtroumpf. Il me souvient de m’être fait rabrouer dans un forum parce que je n’étais pas d’accord avec cette confusion.
Pourtant, la relation dite vanille et la relation BDSM sont deux modes relationnels fort différents l’un de l’autre. À mon sens, c’est une grave erreur de vouloir en faire des modes relationnels semblables, obéissant aux mêmes règles.
Je veux bien que les codes sociaux des relations humaines se ressemblent. Pourtant, je considère que cette confusion ne peut qu’engendrer les malentendus les plus regrettables lorsque nous oeuvrons dans un cadre BDSM.
Ce qui fonde la relation
Dans la relation BDSM, je ne suis pas l’ami de la soumise. L’amitié ne fonde pas la relation. Cela ne m’empêche nullement d’éprouver de l’amitié pour la soumise, ou de l’empathie, ou de la compassion, ou que sais-je.
Parallèle : dans la relation parentale, comme parent, je ne suis pas l’ami de mes enfants. Cela ne m’empêche nullement d’avoir un rapport amical avec mes enfants, etc.
C’est pareil avec le patron. Ou l’enseignant ou tout autre professionnel en relation de pouvoir (médecin, psy, avocat, policier, etc.).
L’échange de pouvoirs érotique n’est pas comme n’importe quelle autre relation. C’est un mode relationnel ayant son code spécifique. Ça n’a a priori rien à voir avec l’amitié, la relation amoureuse, l’éducation de nos enfants ou l’organisation du travail au bureau ou à l’usine, bien qu’il partage des éléments avec chacun de ces codes.
Jack Riddle écrit :
1. Ce billet semble défendre l’idée qu’il ne peut y avoir d’amour dans une relation bdsm.
Je suis fondalementalement contre cette idée. D’abord parce que ma propre experience m’a prouvé le contraire (et je parle bien d’amour reciproque, pas uniquement de la soumise pour son maitre), ensuite parce que je ne pense pas qu’il soit raisonnable de rechercher une relation stable et durable dont l’amour soit exclu.
Bien sur, comme dans les relations vanilles, il peut y avoir des arrangements uniquement bases sur la relation erotique, mais c’est -il me semble- rarement durable.
La relation bdsm est a mon sens une relation amoureuse, differente des autres par bien des aspect, similaire par d’autres. J’encourage chacun a visiter le site takeninhand.com qui explore particulierement bien ce theme.
2. J’ai toujours ete plutot d’accord avec la position dominante qui consiste a dire que la relation bdsm est structurellement similaire a une relation vanille. Il s’agit a mon sens d’une dynamique differente utilisee pour des objectifs similaires: un recherche de bonheur reciproque (oui, j’insiste), une complementarite forces/faiblessesm, une satisfaction sexuelle…
Ce debat me semble important car il me semble que trop de gens, emportes par le rush sexual incroyable de l’echange de pouvoir, oublient que les realites de la vie restent les memes et qu’il faut -meme si on voudrait parfois l’oublier- garder les pieds sur terre. C’est a ce prix que l’on peut construire des relations durables, meme dans une dynamique bdsm. Et comme dans la vraie vie… c’est loin d’être évident.
Monsieur Valmont écrit :
Nulle part je n’écris (ni ne pense) une telle chose :
>Ce billet semble défendre l’idée qu’il ne peut y avoir d’amour dans une relation bdsm.
Selon ce que je vois et entends, lit et expérimente, c’est l’autorité qui fonde la relation d’échange de pouvoirs érotique. Rien d’autre.
Jusqu’à preuve du contraire, je crois que c’est un faux débat que de penser que l’amour est requis dans un échange de pouvoirs effectif. Ou l’amitié. Ou la sexualité. Ou le plaisir. Y compris dans le contexte d’une relation durable, même si rien n’exclut ces “variables”.
Remarquez, je ne dis pas que les exigences relationnelles (terme que j’emprunte à Jacques Salomé) sont des variables facultatives dans l’échange de pouvoirs inscrit dans la durée. Ce que Salomé appelle mettre en commun, dialoguer, échanger, partager, s’affronter avec ses différences et des désirs parfois concurrents; sans ces éléments, ton chien est mort.
Sans la satisfaction des besoins relationnels (pouvoir se dire, être entendu, reconnu, valorisé, disposer d’une intimité et d’une influence réciproques) également, j’aurais tendance à croire que ton chien est mort advenant leur absence dans la relation d’échange de pouvoirs.
Je crois que l’on peut très bien répondre à ces besoins et exigences relationnels dans un cadre bdsm, sans définir la relation comme une relation amoureuse ou amicale.
C’est effectivement un débat très important. Et un mécanisme fort difficile à maîtriser, cet équilibre entre la capacité de rêver et celle de garder les yeux grand ouverts.