Le bdsm n’est pas le sm. Ce n’est pas la même chose.
Ce n’est pas un ou l’autre. On ne peut pas écrire « Le bdsm ou le sm, c’est… ». C’est un contresens, une méconnaissance des dynamiques, au pire, un parti-pris tendancieux et manipulateur.
Le BDSM recouvre l’ensemble des activités placées sous le parapluie des échanges érotiques de pouvoir entre adultes avertis et consentants. On parle ici des jeux de restriction (BD pour bondage-discipline), des jeux de rôle (domination-soumission) et des jeux de douleur/plaisir (SM ou sado-masochisme).
On le voit bien, le SM ne représente qu’une partie des jeux bdsm.
Le SM représente aussi la forme la plus caricaturale et spectaculaire dans l’imagerie populaire. Celle qui imagine les partenaires l’un le fouet à la main, et l’autre le corps nu et sans défense… À la vérité, parmi les gens se disant pratiquants BDSM, peu savent manier le fouet, tant son degré de difficulté est élevé et les dangers très réels.
La douleur est facultative dans la soumission
On entend parfois qu’une « vraie soumise », c’est une maso qui doit aimer recevoir la douleur. Mais rien n’est plus faux. Le fouet, ce peut être bien, mais il y a d’autres choses aussi. Il existe beaucoup de jeux et de rituels où la « douleur » est absente.
Autrement dit, c’est pas parce que vous êtes une personne soumise que vous devez endurer la douleur physique. Si la chose ne vous branche pas, elle ne vous branche pas. Le consentement, vous vous rappelez ?
Car voilà, beaucoup de gens jouent sans douleur physique. La douleur physique n’est pas requise. La douleur n’est pas un must dans l’échange de pouvoirs entre la personne dominante et la personne soumise. Ce n’est pas une obligation de recevoir de la douleur pour être considérée comme une soumise.
Ce n’est pas parce qu’une personne soumise refuse les jeux de douleur que cela fait d’elle une personne moins soumise, moins docile, moins obéissante.
SVP, si vous êtes une femme attirée par la soumission érotique, relisez la phrase précédente à voix haute 50 fois… ou du moins jusqu’à ce que vous la sachiez par coeur!
SVP, si vous êtes un homme (ou une femme) attiré par la domination érotique, relisez la même phrase à voix haute 50 000 fois… ou du moins jusqu’à ce que vous la sachiez par coeur!
C’est irritant lassant à la longue de voir des imbéciles personnes se décrivant comme dominantes dire à des femmes attirées par la soumission que si elles n’acceptent pas la douleur, elles ne sont pas de « vraies » soumises, qu’elles n’ont pas à faire là.
Oui mais pourquoi dire qu’on fait du bdsm si on ne touche pas à la dimension sm?
Beaucoup de gens jouent sans douleur physique, dis-je, ou très peu.
Une bonne fessée chaude, nous sommes bien dans le registre sm en théorie. Mais nous sommes loin des performances olympiques à 100 coups de fouet. Ou encore des exploits du genre une brique de trois livres sur chaque sein. Ou encore l’ouverture du vagin avec des instruments médicaux capables de laisser passer une marmotte bleu.
Beaucoup de gens dans la chambre à coucher s’adonnent aux plaisirs de la fessée bien qu’ils refusent catégoriquement de dire qu’ils font du BDSM, encore moins du SM.
Oui mais pourquoi dire qu’on fait du bdsm si on ne touche pas à l’une de ses dimensions?
Il existe une multitude d’activités et de perversions sexuelles sous le parapluie bdsm, est-ce que ne pas pratiquer l’une ou l’autre de ces activités nous disqualifie pour autant de l’estampille?
LIRE : Les pratiques BDSM
Angel écrit :
C’est un article très intéressant, M. Valmont.
Ça me fait pense a quelque chose qui arrive souvent. Des gens “vanille” qui utilisent S/M pour décrire nos activités dans l’univers BDSM. Ce ne pas juste une erreur de mot, mais qu’ils pensent que c’est rien que une échange de douleurs et c’est tout. Au même temps, ces personnes imaginent qu’ils ont l’esprit ouvert.
Je trouve très frustrant quand je vois ce genre de jugement.
Angel
Monsieur Valmont écrit :
Je vous souhaite la bienvenue dans cercle O, Enigmatic Angel.
Oui, malheureusement, beaucoup de gens extérieurs au bdsm pensent qu’il ne s’agit là que de jeux de douleur. Je dis “malheureusement” car autrement, un grand nombre de personnes sont intriguées, voire excitées par les échanges de pouvoirs et aimeraient bien en faire l’essai.
À l’opposé, beaucoup de gens dans la mouvance bdsm n’en ont que pour les jeux de douleur. C’est ce qu’ils aiment montrer. Cela est peut-être à leurs yeux et aux autres un témoignage de leur pouvoir sur autrui, car ce pouvoir est “visible”, tangible, mesurable.
Angel écrit :
Merci bien pour la bienvenue dans cercle O, M. Valmont.
Angel
X-Addict écrit :
Tout en étant vanille ( il a bien fallu s’y résoudre après quelques aventures dans l’univers BDSM ou finalement je me suis senti si peu en accord avec moi-même) , j’aime lire et m’instruire de cette espace BDSM et tout en le connaissant assez bien mais sans réel pratique, je fais la confusion. Non pas que je ne sache pas les contenus de ce que vous nommez les échanges de pouvoirs érotiques (fort a propos) mais davantage parce que cette confusion est entretenue par ceux la même qui sont le mieux informé car pratiquants. Je suis persuadé que beaucoup vont au plus vite dans l’expression, font du raccourcis.
De plus ayant été inscrit sur différents forums et même sur des sites de rencontre dédiés a ces pratiques, il faut constater que souvent seule la partie SM est mise en évidence, en avant.
Quand vous dites ci-dessus “un grand nombre de personnes sont intriguées, voire excitées par les échanges de pouvoirs et aimeraient bien en faire l’essai.” vous avez probablement raison, (vous auriez de quoi livrer votre pensé sur le sujet sur votre blog) il y a un pas immense entre l’intérêt que l’on peut y porter et l’immersion qui consiste à dépasser l’envie et arriver a l’acte. On en sort pas indemnes sans une longue réflexion.
PS: Je ne m’étais pas aperçu jusqu’à ce matin que vous aviez “libéré” les commentaires, puisqu’il me semble qu’avant il fallait être inscrit pour vous laisser une note …ce que je ne faisais pas par flemme. Donc j’en profite sans aucune trace de flagornerie pour vous féliciter a propos de votre blog, qui est remarquable.
Monsieur Valmont écrit :
Il n’y a vraiment pas de honte à se déclarer “vanille”. Cette course vers les pratiques sexuelles les plus extrêmes a quelque chose d’un peu pathétique, pour ne pas dire d’une prétention un peu absurde.
Je comprends parfaitement comment les gens à l’extérieur de l’échange de pouvoirs peuvent se sentir face aux pratiques dites bdsm… pour avoir déjà occupé ce point d’observation. Comme tous les gens qui aujourd’hui pratiquent le bdsm, à vrai dire.
Oui on peut fantasmer, oui on peut envisager telle situation excitante, mais entre le penser et le faire… Cela rejoint ce que l’un de vos billets dans votre blogue m’avait inspiré il y a quelque temps lorsque j’ai écrit Le dilemne.
>On en sort pas indemnes sans une longue réflexion.
Cela me semble très juste.
Monsieur Valmont écrit :
>De plus ayant été inscrit sur différents forums et même sur des sites de rencontre dédiés a ces pratiques, il faut constater que souvent seule la partie SM est mise en évidence, en avant.
Il n’en tient qu’à ceux intéressés par autre chose que la violence (trop souvent) gratuite, de revendiquer leur intérêt pour d’autres pratiques que les jeux de douleur.
Quand on commence à creuser une conversation avec les gens, on se rend compte rapidement que le SM est loin d’être l’ensemble de jeux préférés.
fetish sm écrit :
Effectivement vous avez entièrement raison, les gens ont tendance à utiliser le mot SM pour désigner l’ensemble des pratiques du bdsm. En réalité on ne devrait employer le mot sm que pour désigner le sado masochisme. J’ai moi meme tendance à faire ce petit raccourci, à tort !
Ds_master écrit :
Complètement d’accord avec vous…
Mais…
Pourquoi tout rapporter au jeu (« jeux de restriction, jeux de rôle, et jeux de douleur/plaisir ») ? N’est-pas tout envisager sous l’angle des séances ?
Poussons le raisonnement plus loin et donnons une explication plus complète si vous le voulez bien. Ce qui relève d’un style de vie, d’une conception de la relation amoureuse, n’est assurément pas un jeu (je fais évidemment référence à la D/s).
Pourquoi également définir systématiquement (c’est le cas dans nombre de vos textes) le BDSM en tant qu' »échange de pouvoirs érotiques » ? La caractère érotique n’est-il pas accessoire sachant que certaines personnes, tant en B&D, en D/s et en SM, n’ont avec leur(s) partenaire(s) aucune activité de nature sexuelle ni même érotique ? Le soumis qui une fois par semaine vient laver la voiture de sa Domme et qui rentre chez lui avec pour seule satisfaction le sentiment du devoir accompli n’entretient pas avec sa partenaire une relation basée sur l’échange de pouvoirs érotiques…
Attention également à la notion de « jeu de rôles » : La soumise qui le samedi soir enfile sa tenue de petite écolière pour devenir la fifille à son papa joue un rôle. Mais celle qui, tout en restant elle-même, se soumet corps et âme à son Dominant, même le temps d’une courte séance, n’est pas une kinky…
Valmont écrit :
Pas du tout. Oser croire cela, c’est très mal me connaître…
Je conçois le bdsm comme un échange de pouvoirs, fut-il érotique ou non. Je ne connais pas de meilleure définition ni de meilleure description.
Je conçois le bdsm comme un ensemble de jeux. Jeux sociaux. Jeux pour adultes avertis. Avec ou sans sexe (mais en reconnaissant que l’érotisme, le sexe, la libido, whatever we may call it, n’est jamais très loin). Jeux avec des codes, des règles et des limites. Car pour être sains, ces jeux requièrent non seulement la capacité d’en sortir à tout moment, mais d’en sortir tout court. Pour une journée, trois mois ou un an. Y compris dans une relation Ds. Ce qui ne fait pas de nous des kinky ou des libertins ou des faux Ds pour autant.
Si vous lisez les textes de ce blogue, tout comme l’ensemble de mes contributions ici et là sur le sujet des échanges de pouvoirs, vous remarquerez que je fais une distinction entre le bdsm vécu comme un jeu, interactionnel, sans lendemain et sans conséquences (j’oserais dire), et le bdsm relationnel, celui qui prend place dans un couple existant ou en formation.
Hellyia Vtc écrit :
Cet article définit tellement bien le milieu actuel… Je me lance enfin dans le grand bain de la domination/soumission… Mes seuls contacts se bornent à me demander si je fait du scato/trampling/ballbusting et autres conneries assimilés au sm ( que je ne pratique pas) et s’offusque de ma réponse négative, arguant que je ne suis pas une « vraie domina » … La D/S c’est aussi une éducation basée sur le respect, l’écoute , les récompenses/punitions et autres façonnage en bon larbin…