On lit à son propos dans la Toile, dans les conversations, c’est à s’en écorcher les yeux. Dans la nébuleuse bdsm, cette notion de lâcher-prise est constamment invoquée afin de permettre à la personne soumise de baisser la garde.
Le lâcher-prise est-il un chèque en blanc demandé à la personne soumise, qui permette de masquer l’insuffisance de fonds dans le compte de la personne dominante?
Qu’est-ce que lâcher-prise? Y a-t-il des degrés dans le lâcher-prise? Y a-t-il des moments où il est plus important de lâcher-prise? Et d’autres, où il ne faut pas, sous aucune considération?

Une définition du lâcher-prise
Je lis dans le site de Génération-Coach cette définition du lâcher-prise :
Lâcher prise est une action mentale qui consiste à arrêter de s’interdire et/ou de s’obliger à être ou à faire, c’est écouter et connaître qui nous sommes.
C’est le chemin pour remettre en cause une croyance limitante, et se donner l’opportunité de vivre une expérience capable de faire la démonstration de l’erreur contenue dans cette croyance.
Cette définition m’inspire un dialogue fictif.
– Qu’arriverait-il, mademoiselle, si vous arriviez à lâcher prise?
– Vous abuseriez de moi, Monsieur.
– Voilà un aveu étonnamment formulé. N’est-ce pas là votre souhait le plus cher, que Monsieur abuse de mademoiselle sans vergogne?
(Ses tempes prennent une teinte rouge chinois.) – Non… je veux dire… oui, mais…
– Prenez une bonne respiration, je vous prie. Que de contradictions en si peu de mots, vous risquez de suffoquer.
(Elle sourit jaune.) – Monsieur !
La difficulté de lâcher prise est proportionnelle à la peur provoquée par le scénario que le mental se fait en imaginant ce qui se passerait sans cette contrainte. Visualiser des images catastrophe, ou ne pas pouvoir se faire d’image, génère une peur panique et la fuite (mentale et comportementale) automatique qui va avec.
Cette autre description m’inspire (également) un dialogue fictif.
– Ainsi donc, mademoiselle, vous souhaitez mettre fin à notre relation?
– Oui, Monsieur.
– Quelque chose ne va pas?
– Non non, tout va bien. Mais je dois quitter. Je ne peux pas.
– Tout va bien et vous souhaitez quitter?
(Ses tempes prennent un rouge soviétique.) – Non… je veux dire… oui, mais…
– Prenez une bonne respiration, je vous prie. Que de contradictions en si peu de mots, vous risquez de suffoquer.
(Elle sourit jaune.) – Monsieur !
Lâcher prise volontairement
Toujours selon le même site, pour lâcher prise volontairement, le chemin consiste à :
« 1- Prendre conscience de sa croyance limitante. Cette première étape ouvre la possibilité d’une action volontaire.
« 2- Se poser la question de ce qui se passerait si nous arrêtions de nous contraindre. Cette 2e étape peut affaiblir notre croyance. En nous remémorant le scénario à l’origine de notre peur, cela peut nous permettre d’en découvrir le caractère obsolète, notamment de nous apercevoir que nous n’avions pas de scénario, donc aucune raison d’avoir peur.
« 3- Trouver quelqu’un qui s’autorise notre interdit, et faire le constat des conséquences observables que cela engendre. Lorsque les conséquences observées sont celles que l’on cherche à obtenir en s’interdisant, cela participe de remettre en cause la croyance qui interdit.
« 4- Accepter mentalement de vivre ce que l’on s’interdit (s’autoriser à …), voilà ce qu’est le lâcher prise.
« 5- Expérimenter ce que l’on s’interdit. Cette 5e étape est possible volontairement, si la peur des conséquences a été suffisamment affaiblie et les bénéfices escomptés suffisamment clarifiés et motivants. Sinon, elle se produit involontairement lorsque la peur est :
- soit contrebalancée par une peur plus forte provoquée par l’environnement (ex : l’obligation d’affronter sa peur de… sous peine de perdre son travail, de mourir, etc.)
- soit affaiblie par l’usure (répétition de situations d’échec amenant à un lâcher prise d’épuisement)
« Lâcher prise, c’est donc :
- accepter mentalement de vivre l’expérience dont on a peur
- accepter physiquement de ressentir sa peur pour s’apercevoir, dans l’expérience, qu’elle n’était pas justifiée
- s’autoriser à faire ou à être… ce que l’on s’interdit
- abandonner ce que l’on s’oblige à être ou à faire, et faire ou être en accord avec ses envies et/ou besoins… »
En somme, le lâcher prise ne s’applique pas qu’à la personne soumise. Et ce n’est pas un acte passif.
Très juste, ce n’est pas un acte passif, et ce n’est pas limité au monde BDSM.
Ca me fait penser à mon époque (malheureusement révolue) de parachutiste. Maîtriser sa peur est très gratifiant, voire grisant. Mais au final c’est du pur bonheur car, même si on est aidée, ce n’est qu’à soi qu’on le doit.
ouf! ce billet me parle beaucoup
Merci Monsieur Valmont pour cette vulgarisation de ce concept tellement galvaudé. Applicable, d’ailleurs, dans toutes les sphères de la vie.
Pour moi le lacher prise est le moment precis
ou le desir l’emporte sur la vie courante …
c’est ce point charniere qui,si on ne le franchit pas,nous fait regretter de ne pas l’avoir fait et si on le franchit nous ouvre de nouveaux horizons …
c’est passer a travers le miror pour Alice …
Mais revenons a ce qui nous interresse :
le lacher prise est le moment ou la (le) future soumis(e) se sent mal en etant libre , a peur de ses envies et desirs de soumission …et se sent completement different des autres le moment ou l’on ne veux pas plier a quelque chose qui sort de la stricte vie bien ordonnée…
oui c’est ce moment ou tout bascule non pas le point de non retour …mais l’impulsion qui fait realiser le petit pas en avant qui relance la machine et ouvre un monde nouveau … ( petit pas qui des années plus tard nous font sourire en pensant a quel point on pouvait etre mal pour si peu)..
le lacher pris est aller a l’encontre de ce que l’on a toujours cru …ou que l’on a toujours pris pour comptant…ou de ce qu’on nous a toujours dit etre bien et “normal”..
attention cela ne veux pas dire que le lacher prise et un acte irreflechi …
en effet il serez trop simple de dire :
“- bien je lache prise et me permet tout …”
non avant cela il faut savoir que l’on ne lache prise que pour une chose precise ..
il faut aussi etre apte mentalement ( et physiquement) a le faire … car le fait d’abaisserr une barriere ne doit pas nous faire oublier qu’elle a ete mise là, quand meme, pour eviter de tomber à la plupart des personnes …
C’est une incursion dans le coté sombre…un avant gout du tout est possible … alors attention le danger d’aller trop loin ou trop fort et bien reel.
en meme temps c’est se reconnaitre tel que l’on est ce qui est certainement un plus dans notre vie …
caar peu de personne se connaisse reellement.
le 30-05-2008
Maitre Rem (masterem49)
Bonjour,
Selon les Sm Latins, le lâcher-prise est faire en sorte le/la soumis(e) soit en mesure d’accomplir ce que le Maitre ne peut réaliser seul. Telles les mains de Picasso elles donneront corps à l’oeuvre mais c’est bien le génie de Picasso qui s’exprimera.
Sans se poser de question, sans peur et en toute confiance la main du Maitre dessinera et peindra la toile.
Le lâcher-prise c’est devenir la main de son Maitre.
Bien sûr, tous les Maitres n’ont pas forcément le talent de Picasso.
Bob
En effet cela correspond à peut de chose prêt à
Etre ou jouer à en être telle est la question.
L.