On lit ici et là des propos ambigus et souvent contradictoires sur la notion de protocoles BDSM. Mais de quoi parle-t-on? Quelles sont les différences entre les termes protocole et étiquette que beaucoup de gens confondent? Quels sont les avantages d’instaurer des protocoles de fonctionnement adaptés?
Autour de l’expression protocoles BDSM gravitent plusieurs sens : règle, étiquette, pratique, convention, code, rituel, tâche, cérémonie. Le manque de distinctions entre ces termes, assez proches les uns des autres, pose parfois des difficultés. Cela est vrai même parmi les gens ayant une certaine expérience.
Je vais tenter, dans ce billet, de démêler le spaghetti.
Vous avez une préférence pour la sauce? 🙂
Table des matières de cet article
Connaître les règles du « jeu BDSM »

Quand les gens entrent dans un « espace BDSM », ils veulent connaître les usages et les codes en vigueur. Ils veulent savoir ce qu’ils doivent faire pour entrer « dans la gang », pour être acceptés, reconnus. Ils souhaitent donc connaître les règles de comportement et de socialisation.
Cela m’apparaît assez légitime dans la mesure où nous touchons ici au concret, à la partie visible de l’iceberg.
Cette curiosité est saine.
Considérant la diversité des pratiques sexuelles, on s’aperçoit toutefois assez rapidement qu’on ne peut pas vraiment dire que le BDSM comporte des règles au sens général du terme.
Ne jouons pas avec les mots. Les pratiques BDSM comportent des principes qui les départagent des cas d’abus et de violence. Des principes comme le SSC (pratiques sécuritaires, saines et consenties) qui promeut le consentement de toutes les parties, la sécurité et le caractère sain des pratiques. Il y a aussi le principe du RACK (pratiques consenties conscientes des risques ou Risk-Aware Consensual Kink). Il en existe d’autres, dont le PRICK (pratiques consenties informées impliquant la responsabilité personnelle ou Personal-Responsibility Informed Consensual Kink).
Des principes, oui, mais des règles?

Dans les pratiques BDSM, certaines possèdent leurs propres « règles de fonctionnement », notamment en regard de la sécurité des participants. Je pense à l’usage du fouet, au ligotage de suspension, aux jeux d’électricité, à l’asphyxiophilie. Ce sont là des pratiques qui requièrent le respect de consignes élémentaires, la connaissance des règles d’usage de base et de sécurité. Cela peut aller parfois jusqu’à posséder une formation dans les premiers soins, etc.
Les pratiques BDSM ont donc des règles de fonctionnement.
Les pratiques BDSM ont aussi ce qu’on peut appeler les règles du jeu, c’est-à-dire une connaissance plus ou moins étendue du qui fait quoi, comment et quand. Ce que j’appelais plus haut les usages et les codes en vigueur.
Mais des règles au sens… philosophique du terme?
Bon, plongeons.
Protocoles BDSM : ce qu’ils sont, ce qu’ils ne sont pas
Le bloc qui suit est une adaptation, par Monsieur Valmont, du texte The West Wing Perspective on Protocols: Intent and Practice (1/19/99), d’un dénommé Flagg. Découverte au début des années 2000, sa façon pratico-pratique d’aborder les pratiques BDSM, est devenue un pilier de ma pensée sur l’échange de pouvoir érotique.
Il faut distinguer les protocoles BDSM de l’étiquette. L’étiquette n’a, à prime abord, aucun lien avec les protocoles BDSM. Ça n’a rien à voir.
Zip! Zap! Zop! Niet!
Pourtant, il subsiste toujours une certaine confusion autour de l’expression protocole BDSM. Il existe même de féroces hordes anti-protocole parmi les pratiquants. Le plus drôle étant sans doute que plusieurs combattent une notion comprise de travers…
Bon. Déterminons d’abord ce que les protocoles BDSM ne sont pas.
Ce que ne sont pas les protocoles BDSM
Les protocoles BDSM ne sont pas une suite de demandes ou même un scénario BDSM, bien qu’ils puissent contribuer à renforcer ces éléments.
Les protocoles BDSM ne sont pas le rituel, bien qu’ils puissent contenir certains éléments du rituel. Qu’est-ce qu’un rituel? C’est un comportement répété à la faveur d’une situation ou sur demande. Le rituel comme tel ne varie pas beaucoup; le but ultime du rituel est l’atteinte de sa perfection. Le but du rituel est le rituel lui-même et les émotions qu’il crée chez les personnes qui y participent.
Je reviens plus en détail sur le rituel plus loin dans cet article.
Les protocoles BDSM ne sont pas l’étiquette. L’étiquette reflète une suite chorégraphiée de règles de bienséance pré-déterminées qui varient selon les milieux et les individus. On parle ici de codes, par exemple comment disposer une table, se vêtir, s’adresser à autrui et dans quel ordre. C’est une forme sophistiquée de la communication. C’est aussi l’habileté de communiquer avec autrui d’une façon que la personne dominante considère appropriée et plaisante.
L’importance fondamentale de l’étiquette et des bonnes manières n’est toutefois pas abordée dans le cadre de cet article.
Ce que sont les protocoles BDSM
Les protocoles BDSM, ce sont les indications que suit une soumise déterminée, dans le but de prendre les meilleures décisions dans l’intérêt de son dominant.
Les protocoles BDSM sont, en quelque sorte, une structure qui spécifie le comportement et les actions appropriés de la soumise. C’est un ensemble de conditions qui favorisent les besoins, les désirs et les priorités de la personne dominante.
Un environnement bien structuré offre un cadre de confiance tant à la personne soumise qu’à la personne dominante. Des protocoles BDSM bien structurés et adaptés, permettent de sortir la relation de pouvoir de la chambre à coucher, pour l’intégrer à la vie de tous les jours.
L’intention : qu’est-ce que vous voulez?
La première question touchant les protocoles BDSM est aussi la plus difficile : « Qu’est-ce que vous voulez? »
Oui, c’est quoi vous voulez exactement, Monsieur le dominant, Madame la dominante?
Cette question est moins évidente qu’elle en a l’air. Elle demande réflexion. De la pratique. Et je dirais même… des échecs.
En ce qui me concerne, ma conception et ma pratique du BDSM s’inscrit dans un cadre continu, 24/7 diraient certaines personnes. Pourtant, je n’ai pas du tout envie de gérer tous les gestes posés par une soumise dans une journée. Je n’ai non plus aucune envie de me répéter constamment.
J’apprécie les soumises qui comprennent vite, qui savent faire preuve d’initiative, voire qui devancent mes besoins.
Les protocoles BDSM créent une structure qui spécifie les conditions qui favorisent les besoins de la personne soumise ET les désirs et priorités de la personne dominante.
Monsieur Valmont
La pratique : les 3 degrés de protocoles BDSM
La structure relationnelle de pouvoir qui s’applique le mieux à ce que je souhaite comme dominant, trouve ses réponses dans l’application des protocoles attribués à la vieille garde BDSM, c’est-à-dire les trois niveaux de protocole : simple, moyen et élevé.
Les deux premiers degrés, le protocole simple et le protocole moyen, ont tous deux un caractère formel et informel, ce qui augmente leur souplesse d’exécution.
Le protocole BDSM simple
Dans la vie de tous les jours, je veux que les personnes à mon service soient en mesure d’interagir normalement avec le reste du monde… et jusqu’à un certain point, qu’elles soient en mesure d’interagir normalement avec moi, si je puis dire. Il existe trop d’usages réels et positifs qui répondent aux aspirations de ma soumise, pour se perdre dans des rituels inadaptés qui ne collent pas à la réalité.
Cela ne change en rien l’obéissance de ma soumise. Sa soumission doit demeurer somme toute subtile, invisible aux yeux extérieurs. On n’a pas de spectacle à donner.
Élaborer un cadre relationnel de pouvoir avec ma soumise me permet de définir ce que j’attends d’elle dans un protocole simple :
- Un rappel constant qu’elle est à mon service et des responsabilités qui s’y rattachent.
- Les comportements permis dans le cadre des limites établies.
- La reconnaissance de mes ordres, demandes et requêtes d’une façon complètement transparente aux regards extérieurs.
- Les comportements reflètent mes intentions et ce que je veux comme interaction sur le plan personnel et professionnel.
- L’imputabilité de la soumise, malgré les dérives que peut créer l’habitude qu’elle a de faire des choix dans la vie quotidienne.
Le protocole simple est souvent le niveau le plus difficile à gérer pour une personne soumise. Pourquoi? Parce qu’il lui offre l’illusion qu’elle peut faire ce qu’elle veut, alors que ses responsabilités à titre de personne soumise ne s’arrêtent pas durant ce temps. C’est le protocole qui comporte le moins d’accompagnement pas à pas et pourtant, celui qui offre la plus grande marge d’erreur.
Le protocole BDSM moyen
Le protocole moyen est le protocole le plus régulièrement utilisé dans les scènes de jeux publics et dans les situations de jeu tout court. C’est le niveau que les gens identifient volontiers comme étant du BDSM… 🙂
Dans le cadre du protocole moyen, je cherche à modifier le focus de ma soumise par le biais des apprentissages suivants :
- Prioriser ses décisions dans un contexte spécifique.
- Offrir du temps et de l’espace aux comportements familiers.
- Connaître les règles qui guident ses actions et ses responsabilités.
- Prioriser et anticiper mes besoins et mes désirs… et ceux et celles en ma compagnie lorsque je le consens.
- Focuser sur nos places respectives dans la relation de pouvoir, quel que soit le temps passé dans le protocole moyen et le protocole simple.
Entre le protocole simple et le protocole moyen, il n’y a pas de temps mort. C’est seulement l’intensité qui change, pourrait-on dire.
Les activités BDSM se déroulent, dans la plupart des cas, dans le protocole moyen.
Le protocole BDSM élevé
Les exigences du protocole élevé sont simples : c’est au doigt et à l’œil.
- Attention complète de la soumise, quelles que soient les distractions.
- Obéissance instantanée et sans délai, sans hésitation ni question.
- La prise de décision et la gestion des priorités de la soumise sont suspendues. Ses besoins et ses désirs passent par moi.
- Tout mouvement ou parole de la soumise est à ma discrétion.
Chaque geste, réponse et comportement de la soumise est évalué, souligné, surligné, marqué au feutre rouge, etc.
En temps normal, le protocole élevé est utilisé sur de courtes périodes, à des fins d’instruction ou pour mon amusement. Dans la durée, c’est une autre paire de manches.
Chaque protocole possède son ensemble de mots, de postures, de demandes et de comportements propres à chaque Maître et Maîtresse. Je n’en discuterai donc pas ici.
L’application des protocoles BDSM
Les indications contenues dans le protocole établi avec ma soumise sont effectives quand je ne suis pas présent.
En fait, c’est là l’un des buts fondamentaux des protocoles BDSM : la soumise apprend à gérer la présence et l’absence du dominant.
Quand elle fait du magasinage, accompagnée ou non, elle applique naturellement un protocole simple.
Si elle rend visite à une de mes connaissances, genre un dominant que j’aime bien, je pourrais la faire entrer alors dans un protocole simple plus formel. Dans le cas où ce dominant voudrait se servir de la soumise à diverses fins, il n’aurait qu’à appliquer un protocole moyen, sachant (et validant) qu’elle sait ce que doit être le comportement approprié en de telles circonstances. Advenant le cas où ce dominant aurait besoin de l’attention de la soumise, celle-ci saurait alors qu’elle doit respecter le protocole élevé jusqu’à preuve du contraire.
Avec un peu d’apprentissage, je peux envoyer cette même soumise chez ce même dominant, avec des instructions précisant ce que j’attends d’elle :
« Protocole moyen informel, langage de protocole simple mais formel. Si le dominant fait un usage sexuel de vous, demandez humblement à appliquer le protocole élevé de sorte qu’il n’ait pas à se soucier de vos opinions ou de vos préférences. S’il le souhaite, il peut diminuer le degré de ces protocoles. »
C’est là qu’entre en jeu toute l’imagination fertile d’un scénario BDSM.
Question de mettre un peu de chair autour de l’os.
Termes proches des protocoles BDSM : étiquette, convention, rituel, tâche, cérémonie
Plusieurs termes et concepts sont proches des protocoles BDSM : étiquette, convention, tâche, rituel et cérémonie.
Tout comme ceux-ci se distinguent des protocoles BDSM, il existe également des nuances et des différences importantes entre ces termes.
Voyons voir chaque terme en quelques traits.
L’étiquette bdsm
Commençons par un mot simple, utile en société, c’est-à-dire aussitôt que nous entrons en relation avec autrui. Je parle du mot étiquette.
L’étiquette, c’est l’ensemble des bonnes manières. Bonnes manières à la table ou bonnes manières dans un donjon BDSM, ça revient pas mal au même. Pourquoi ce serait différent? Respect d’autrui, bienséance, ne fais pas à l’autre ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse… La vie en société est-elle si grise, morne et policée, qu’il faille faire fi dans la sphère privée d’une des rares qualités qui trace la distinction entre les humains et les mufles?
L’étiquette BDSM s’applique à deux sphères bien spécifiques : la sphère privée et la sphère publique.
L’étiquette BDSM privée
L’étiquette BDSM privée, celle qui lie le dominant A et la soumise B. C’est un truc privé, qui ne regarde qu’eux seuls.
Si le dominant A considère qu’une bonne soumise, c’est celle qui l’accueille le matin à genoux avec une pipe et un bon café, pourquoi pas? Si le dominant C considère qu’une bonne soumise, c’est celle qui lui permet de coucher à gauche et à droite avec n’importe qui, sans devoir lui rendre de compte, pourquoi pas?
De là à dire qu’une soumise n’est pas une bonne soumise, si elle ne fait pas ces choses, faut pas charrier, Roger. Ce n’est pas une règle universelle.
Idem de l’autre côté du miroir.
Si une soumise D considère qu’un bon dominant, c’est celui la fouette chaque matin à cause du manque de lait dans les céréales, pourquoi pas? Si une soumise F pense qu’un vrai dominant, c’est celui qui fait preuve d’intransigeance dans toutes les sphères de la vie, pourquoi pas?
De là à dire qu’un dominant n’est pas un bon dominant s’il ne fait pas ces choses, lâche-moi les baskets, Yvette. Ce n’est pas une règle universelle.
L’étiquette BDSM privée, individuelle, elle est propre à chaque « couple » ou « structure relationnelle » BDSM; on peut l’élargir à l’ensemble des tiers impliqués, s’il y a interaction avec eux et que tout le monde s’entend. Et c’est tout!
L’étiquette BDSM publique
L’étiquette BDSM publique est la plus visible.
Elle est celle sur laquelle nous devrions nous entendre quand nous entrons en interaction avec autrui. Que ce soit lors d’une soirée dans un lieu à vocation BDSM, lors d’un brunch ou d’un munch, dans une salle de clavardage, dans un forum, etc.
Je dis : nous devrions. Parce que, malheureusement, dans l’espace public, nous assistons à un choc entre les étiquettes privées et différentes étiquettes publiques.
Les personnes novices s’exclameront : « Oui mais comment fait-on dans un lieu BDSM? Comment doit-on se comporter? »
L’étiquette BDSM publique comporte deux volets :
1. la façon de s’adresser à autrui
Cette question est une source perpétuelle de chicanes.
Beaucoup de dominants exigent d’être vouvoyé, d’autres, non. De l’autre côté du miroir, plusieurs soumises ne désirent vouvoyer que leur maître. Pour elles, le vouvoiement ne peut être exigé d’une personne avec laquelle elles n’ont aucun échange de pouvoirs.
On en revient ici à l’étiquette, à mon sens.
(Dans mon cas spécifique, qu’une soumise me vouvoie ne me donne absolument aucun pouvoir autre que de reconnaissance de mon statut et du sien, point à la ligne. Je pousse d’ailleurs la coquetterie depuis toujours de vouvoyer les soumises, ce que certaines n’acceptent pas. Cela donne des situations parfois cocasses.)
Beaucoup de personnes dominantes appellent toutes les personnes soumises croisées « chienne » ou « salope », « larbin », et d’autres, non. De l’autre côté du miroir, la majorité des personnes soumises semble considérer plutôt prématuré de commencer une conversation en utilisant ces termes. Elles veulent bien se soumettre, mais pas à n’importe qui n’importe comment n’importe quand.
On en revient ici à la notion de consentement.
2. la protection des personnes soumises
Si les gens s’entendent pour dire que le BDSM est une activité sociale saine quand toutes les parties y consentent, on dirait que tout vole en éclats dans les soirées privées et publiques.
Ainsi, on entend souvent dire qu’une femme soumise ne peut jamais sortir seule dans une soirée. Une « vraie » soumise ne pouvant jamais dire « non », elle doit être accompagnée par un chaperon, sinon elle risque de se faire enlever, de se voir forcée de faire des choses qu’autrement, elle ne ferait pas.
Honnn.
D’abord, affirmer qu’une « vraie » soumise ne peut jamais dire « non », c’est une connerie. Nous ne sommes plus alors dans les pratiques BDSM mais dans l’abus pur et simple.
De deux, dans une soirée, il existe une responsabilité qui devrait être celle de toutes les personnes dominantes présentes. Je dis ça, mais je sais que beaucoup de gens ne sont pas d’accord, préférant déléguer à un.e Maître.sse de donjon cette responsabilité.
Les usages et les codes, les bonnes manières et le savoir-vivre
Les bonnes manières dans une soirée, ce que certains pourraient appeler le savoir-vivre BDSM, diffèrent d’un endroit à l’autre. On peut difficilement dans ces circonstances parler d’une étiquette BDSM universelle. Il en existe plusieurs.
Enfin, un mot sur la façon d’écrire les mots, autre source interminable de chicanes.
Est-ce que je mets une majuscule ou une minuscule au mot Monsieur? Est-ce qu’une soumise peut porter une majuscule à son nom quand elle entre dans une salle de clavardage? Savez, ce genre de questions existentielles capables de dégénérer en incident diplomatique chez les Tatouins inférieurs? (Non, ce ne sont pas des singes, quoique…)
Je suis de ces personnes qui croient que le langage est formateur, au sens que le formatage du langage et des formules de communication utilisées, offre un cadre utile à l’oeuvre BDSM. Le langage est un outil extraordinaire pour actualiser des apprentissages.
Mais il ne faut rien précipiter.
Ce n’est pas parce qu’une femme entre dans une salle de clavardage avec une majuscule à son nom que tous les soumis présents doivent se lancer sur elle en privé pour obtenir son attention. Ce n’est pas parce qu’une soumise novice a osé utilisé un « tu » en s’adressant à une personne dominante qu’il faille utiliser un tel prétexte pour lui imposer son pouvoir…
Le choc des étiquettes
Je ne souhaite pas dévier du sujet, sinon pour dire que nous assistons ici aussi au choc des étiquettes privées et publiques. Cette question relève donc à mon sens du savoir-vivre élémentaire.
« Comment faire alors pour savoir ce que je peux faire et ne pas faire, s’il existe différentes étiquettes selon les gens et les lieux? »
Eh bien, au lieu de jouer aux devinettes, pourquoi ne pas le demander tout simplement?
Des conventions entre partenaires
J’entends par convention tout ce qui touche les colliers, les bijoux, les tatouages, les vêtements, le décor. Beaucoup de gens ont besoin de la présence de ces conventions, ou de certaines d’entre elles, pour entrer dans un état d’esprit propice aux pratiques BDSM. D’autres gens, non.
Est-ce que ces conventions font partie de l’étiquette BDSM ou d’un protocole BDSM? Absolument pas.
On pourrait tout au plus dire qu’il existe des usages qui varient selon les gens, les pratiques et les lieux.
Encore une fois, demander au préalable s’avère toujours une bonne idée. Il n’y a pas de mauvaises questions.
Les tâches et le service
Les tâches à accomplir peuvent, bien entendu, prendre place dans un environnement structuré ou non, ritualisé ou plus libre.
La définition des tâches et l’application du service est à la discrétion de chaque personne dominante.
Le rituel
Le rituel est une forme hyper-évoluée de l’étiquette. Les sports modernes sont des rituels. Les danses sont des rituels. Lors d’une soirée de danse intitulée « Vienne au temps des Habsbourg », on y danse la valse. On ne slamme pas nos voisins. Tsé veux-dire?
Lors d’une partie du Canadien de Montréal (ou du PSG), il ne viendrait à personne l’idée de se réclamer de la liberté d’expression ou de la liberté tout court, parce qu’on voudrait jouer au volleyball dans les estrades…
Plusieurs pratiquants BDSM mettent en place des rituels pour marquer par exemple le début ou la fin d’une séance, pour marquer l’arrivée des invités, etc. Nous sommes encore ici en présence de conventions privées qui ne sont absolument pas généralisées, ni généralisables.
La cérémonie
Dans la parade, l’aspect cérémoniel fascine. L’hypnose bat son plein.
La parade de Jules dans les rues de Rome, fascine. Le cérémoniel dans le film Eyes Wide Shut fascine. Idem dans la mise à mort du taureau dans l’arène, ou celle du condamné sur la potence avant la pendaison.
Dans la cérémonie, les codes sont fixés, les rôles, déterminés, connus, typés. All the world becomes a stage.
Existe-t-il des cérémonies BDSM spécifiques? Je partage l’avis de l’auteure newyorkaise Laura Antoniou sur cette question. Les cercles BDSM privés qui se la jouent « dépositaires de traditions BDSM ancestrales perdues », ont quelque chose de ridicule parce qu’il n’en est absolument rien.
Quoi qu’il en soit, objectivement, nous sommes encore ici dans la sphère privée. À chacun son trip.
c’était important à lire cet article pour moi-la personne soumise qui souhaite comprendre plus ce qu’elle vit pour mieux servir à son Maitre. Je vous remercie Monsieur Valmont .
Il faut surtout le vivre
pas la fantasmer
et prouver ce qu’on raconte…