Pourquoi aimez-vous humilier la soumise, Monsieur? Pasque. Bon d’accord, je veux bien vous éclairer.
Dans le Guide des émotions, l’auteure donne un exemple de situation de honte, celle provoquée par la peur de parler en public :
« Il est difficile de s’exposer au jugement de l’autre et de consentir à être humilié. Si je considère comme puérile ma peur de parler en public, il est normal que je craigne que d’autres portent le même jugement que moi. En m’exposant à leur critique, je prends le risque d’être humilié.
« Par contre, si je ne m’expose pas dans ce que je suis, je perds l’occasion de m’assumer. Il est particulièrement important, pour croître, que je confronte les objets de ma honte. C’est par ce chemin que je puis régler le problème qui en est la source. »
Le travail de guide
Je ne saurais mieux décrire une partie de mon travail de guide dans l’échange de pouvoirs érotique. Juste remplacer dans le texte la peur de parler en public par la peur de montrer son corps… un exemple parmi mille d’un enjeu important auquel peut être confrontée une personne soumise.
Mon but comme dominant, c’est de l’aider cette soumise à mieux accepter son corps, à s’accepter… quitte à la déshabiller devant des inconnus, s’il le faut. Et lui faire tenir les yeux grand ouverts. Non pas pour qu’elle se foute des autres, mais pour qu’elle en prenne conscience, qu’elle sente sur elle toutes ces mines curieuses, allumées, voire les regards les plus concupiscents…
Mon but comme dominant, c’est de l’aider cette soumise à mieux s’accepter comme personne à part entière. À s’accepter comme femme ayant des désirs et des fantasmes qui ne cadrent pas avec les canons sociaux à l’image de la femme avec laquelle on fait des enfants.
Une mère aussi a du désir.
Pourquoi lui refuser ce que certains de nous souhaitons le plus au monde : être et vivre avec une femme qui assume ses désirs et ses besoins érotiques les plus hardis?
L’image du miroir
J’aime l’humiliation dans un contexte bdsm. Que dis-je? J’en raffole.
Cette activité douce ne requiert ni machinerie, ni costume. J’ai seulement besoin de ses oreilles, qu’elle entende bien ce que j’ai à lui dire, et ses yeux, pour me regarder quand je lui parle.
Le reste…
J’aime bien la regarder dans les yeux quand je lui parle. Que dis-je? J’en raffole.
À vue de nez, je décompose l’humiliation de la personne soumise en trois étapes distinctes :
- Énoncer la situation à voix haute : « Ainsi mademoiselle apprécie les petites promenades à quatre pattes? »
- Obtenir une confirmation de sa part : « Ne détournez pas le regard, je vous prie… regardez-moi quand je vous parle. Alors, vous disiez? »
- Renforcer la confirmation obtenue : « Maiiiiiis dites-moi, cette promenade à quatre pattes, c’est une fois que vous êtes entièrement dénudée ouuuuu…? »
L’humiliation comme un outil
Je reviens à cette définition de l’humiliation comme une blessure à l’amour-propre, un accroc à l’image que l’on veut donner de soi-même. Elle est intéressante cette définition dans la mesure où elle situe mon action comme dominant lorsque j’utilise l’humiliation à des fins… pédagogiques.
Quelle est l’image d’elle-même que veut donner la soumise? Qu’elle est la plus…
- docile?
- perverse?
- servile?
- masochiste?
- désirable?
- exhibitionniste?
- toutes ces réponses?
À l’écouter la soumise, elle serait toujours plus. Cette prétention est fichtrement intéressante car elle mérite alors validation. Est-elle aussi docile qu’elle le dit? Jusqu’à quel point est-elle exhibitionniste, la nana? perverse? Des heuuuuuuures de plaisir en perspective.
Vous me direz : « mais non, Monsieur, il y a des tas de soumises qui se disent pas docile, pas perverse ni servile, ni masochiste, désirable ou exhibitionniste. » Oh, voilà qui est bien vrai. Celles-là aiment bien jouer les cachottières. Je pense à celle à qui je demande de se tenir droite au mur pendant que je retire sa culotte sous sa robe et qu’elle se laisse faire. Je la regarde alors dans les yeux et lui dis : « vous, pas docile? Ahahaha allons donc, vous êtes même une femme facile! »
Elle est fabuleusement excitée? Elle est maintenant aussi fabuleusement honteuse. Il faut voir alors les lueurs dans son regard… son désir soudain de se laisser glisser sous la moquette, la coquette.
« Bon allez, ne faites pas cette tête. Tournez-vous et offrez-mouah bien vos fesses, plutôt. Je vais leur donner la teinte actuelles de vos joues! Ahahaha! »
Valmont écrit :
Un texte sur l’humiliation verbale et les jeux rudes qui me rejoint sur plusieurs plans : Filthography- One Woman’s take on the allure of verbal degradation & humiliation, ou pour en finir avec une certaine image gentille et propette du bdsm…
Le lien : Renegade Evolution on « Verbal Degradation ».
Ishtar écrit :
une humiliation afin de nous faire grandir, hummm
Ds_master écrit :
Qui aime bien châtie bien en somme ?
C’est sûrement valable en SM, mais ça ne peut s’appliquer pas à la D/s où les buts recherchés sont d’un tout autre niveau.
N’est-ce pas trouver une justification facile, pour ne pas dire une excuse, au sadisme gratuit de la personne dominante cherchant avant tout son propre plaisir à travers la souffrance physique ou morale qu’elle inflige volontiers à ses proies ?
» – Pourquoi aimez-vous humilier la soumise, Monsieur?
» – Parce que j’aime ça petite sotte, tout simplement… Parce que ça m’amuse follement et que ça excite ma libido ! »
Valmont écrit :
Je suis d’accord. La formule « Qui aime bien châtie bien » me semble un raccourci facile pour justifier un sadisme gratuit.
Mais je ne crois pas que ce soit mon propos. Cette formule creuse ne me dit rien, elle ne me renseigne pas sur ce que je veux, sur ce qu’elle veut.
» – Pourquoi aimez-vous humilier la soumise, Monsieur?
» – Parce que j’adore examiner en gros plan vos réactions quand je vous demande de vous regarder dans le miroir, alors que je vous tiens fermement par le chignon. »
Vivegnis écrit :
Peut on vous adresser des contributions ?
Valmont écrit :
Des contributions?
ClaraFranck écrit :
Certaines humiliations sont très difficiles à vivre et à supporter sur le moment, mais on se sent beaucoup plus forte une fois ce flot d’émotion apaisé …
Valmont écrit :
Quel(s) type(s) d’humiliation sont difficiles à vivre et à supporter sur le moment, mlle Clara?
DS_master écrit :
Certaines humiliations, même « gentillettes » selon notre propre référentiel, peuvent aussi affecter dramatiquement la soumise, et produire un effet totalement inverse à celui recherché par le Dominant.
Je pense que c’est à manier avec des pincettes, et qu’il faut faire du cas par cas en fonction de la psychologie, du tempérament, de l’état émotionnel, de la faculté de compréhension etc… de la soumise.
Si l’humiliation est pratiquée comme quelque chose de ludique, ou par simple besoin de satisfaire sa curiosité en certaines circonstances, cela peut anéantir la confiance que la docile a placé en son Maître, et s’il n’y a plus de confiance il n’y a plus de relation tout simplement…
Sabine écrit :
Et c’est en anglais, et je ne pratique plus l’anglais depuis maintenant 5-6 ans, j’ai beaucoup perdu, et j’ai une grosse flemme !!!
Valmont_cercle O écrit :
Filthography- One Woman’s take on the allure of verbal degradation & humiliation : http://sm-feminist.blogspot.com/2008/10/guest-post-renegade-evolution-on-verbal.html
Flore Richemond écrit :
Joliment exprimé et très juste !!!
Sara écrit :
Ce genre d’article est vraiment intéressant car il permet de mettre des mots sur certaines questions que je me pose régulièrement – bien que deviné à moitié !
Merci 🙂
FunnyPrincess écrit :
Enfin l’humiliation bien expliqué. Merci.
Pour le moment, malheureusement, j’ai n’ai expérimenté que l’humiliation du sadisme sans but. Quelle perte de temps…et le temps est si précieux quand on est novice.
Mais cette humiliation qui m’aide a m’accepter et à grandir… ca ca m’enflamme!
Monsieur Valmont écrit :
Un sujet sans fin mais non sans desseins… :- )
Mari écrit :
Je suis entrée par hasard, et je comprends vraiment pour la première fois des éléments qui s’appliquent à moi… et qui me font frissonner… Merci !