Après-midi de randonnée en auto, entre deux points stratégiques : la résidence de mademoiselle et celle de Monsieur.
Petite auto nerveuse, demoiselle fougueuse à ses heures, surtout derrière le volant, les coins de rue tournés de manière franche et directe. Regards grandissants du passager qui, du coup et sans en être conscient, passe un message clair à sa soumise : prudence mademoiselle! Il n’en fallait pas plus pour qu’en une inspiration, le besoin d’intensité se fasse sentir jusqu’au bout des orteils du pied droit, celui qui est bien appuyé sur l’accélérateur !
En un quart de tour, mon esprit s’emballe ! Cette randonnée offre tout à coup une matière très intéressante à l’exploration : c’est mademoiselle qui conduit et qui aura, pour les quinze prochaines minutes, le contrôle de la situation ! WoopWoop … HiiiiHaaaa … ça n’arrive que très rarement ce genre de situations ! Je me sens remplie d’idées mais je ne voudrais surtout pas abuser de ce moment de grâce, de ce gonflement d’orgueil. Après tout, il en va de ma sécurité et de celle de Monsieur ! Ahhh Monsieur, oui, je dois m’assurer de sa sécurité.
Chemin faisant, je le regarde du coin de l’œil. Il semble (en apparence) décontracté mais il a les yeux rivés devant lui, anticipant sans doute le prochain coin de rue et ma manœuvre qui, il commence à s’en douter, devrait ressembler à la précédente. Au cas où il serait stressé et pour le calmer, je dépose ma main sur le bord de sa hanche … tel un aimant, sa main vient rejoindre la mienne et les deux se nouent instantanément. Je le regarde, lui sourit tendrement (diablement de l’intérieur) et il me sourit mais ne me regarde pas longtemps. Monsieur semble définitivement préférer regarder devant depuis les dernières minutes.
Le coin de rue arrive et au moment de tourner, je glisse ma main au beau milieu de sa braguette, agrippe sans autre procès ses bijoux de famille et commence ma manœuvre pour tourner à gauche ….. à la dernière seconde ! Monsieur est légèrement projeté vers la droite MAIS ma main s’assure que l’essentiel reste en place, parfaitement sécurisé dans ce cadenas à cinq doigts. Mon esprit à la fois diabolique et tout excité par ce moment pimenté où c’est la soumise qui contrôle me rend fière comme un paon et je lui dis, candidement : « Ne vous inquiétez pas Monsieur, je vous tiens solidement, il ne vous arrivera rien ! ». Et le virage serré est réalisé à la perfection.
Aussitôt ma phrase triomphante exprimée, Monsieur me jette un regard jamais vu jusqu’ici, un regard perplexe qui semble être déchiré entre l’expression d’un reproche, d’une grande surprise ou encore d’un amusement coquin. Une chose est certaine, il ne l’avait définitivement pas vue venir celle-là ! Monsieur entrouvre la bouche comme s’il allait dire quelque chose mais de toute évidence, il ne trouve rien de percutant à exprimer … et … mon regard victorieux face à la situation provoque l’éclatement d’un fou-rire, un duo de rires devrais-je dire, une myriade de regards assurément complices et espiègles, un moment d’euphorie où la confiance en l’autre s’exprime en sens inverse mais reste tout aussi importante dans l’arrimage de deux êtres.
S’il n’eut été de l’objectif initial de cette randonnée (celui de se rendre en ligne droite chez Monsieur), les regards qui se sont croisés à l’instant même de ce fou-rire amalgamé n’avaient qu’une chose à se partager : Monsieur prendrait mademoiselle sur le champ s’il le pouvait et mademoiselle se laisserait prendre par Monsieur sur le champ si elle ne conduisait pas !
Comme quoi, même dans une relation d’échange de pouvoir, il est bon parfois de lâcher prise, de savoir jouer avec les situations, d’être en mesure de sauter sur l’instant présent, de rire de soi aussi … avec l’autre !
mademoiselle leyla écrit :
*rires*