Revenir à la question fondamentale (bis)

Je m’étais promis d’y revenir. Alors voilà. Neuf ans plus tard, il n’est pas trop tard. La question demeure aussi pertinente, brûlante, stimulante.

Je retombe sur cette belle question de Mona Sammoun :

Comment mettre entre parenthèses la représentation et revenir à la question fondamentale : celle de la transgression, de l’impossible, de… l’érotisme?

Mona Sammoun, De la sensualité SM.

La réponse, elle, ma réponse, a mûri. Enfin, je veux bien croire qu’elle a mûri durant tout ce temps, qu’elle a pris de la consistance, de l’épaisseur, qu’elle possède même sa propre logique interne, sa pertinence, sa brûlance, sa stimulance.

Revenir à la question fondamentale… ou n’en être peut-être jamais parti finalement?

Autrement dit, du surplace? Bien sûr que non. Les nombreuses relations et interactions de pouvoir que j’ai vécues au cours de la dernière décennie, ont jardiné mon goût vif pour l’intensité des émotions et la floraison des sensations.

Je me suis toujours fait d’ailleurs la résolution de m’y enfoncer dans ce jardin des Hespérides 2.0, de nous y enfoncer, de lui enfoncer, de nous en mettre plein la djeule, remplis, subjugués, charmed.

Le piège de la représentation

La représentation, la représentation… quessé-tu veux bâtir de solide et de pérenne avec la représentation?

Tant d’amis dans Fetlife, Second Life, Facebook, Instagram, Pinterest, Tumblr, DeviantArt, Flickr et Twitter, en veux-tu en v’là des zamis et des zamies, des photos et des clips, des textes, des ci et des ça, des oh et des ah, à suivre, à aimer, à commenter, à se plaindre ou à s’auto-congratuler, à partager, à…

« Moué j’ai tant d’amis, je peux pas les compter… J’ai autant d’amis, que mille Mexico » (Va t’en pas, Desjardins)

Tant d’amis… et personne à qui s’adresser quand les questions sont cruciales, difficiles…

Quand le plomb devient or

La représentation, c’est le nombre. Alors phoque le nombre, que je me redis. Si la survie d’une collectivité passe par le nombre, le nombre et encore le nombre,

Plutôt convertir les infidèles une à une avec mes mots, mes doigts et mon imagination (fertile), tel est le destin que mon bouddha vajrayāna intérieur m’a fait suivre jusqu’à aujourd’hui. Et quelle trajectoire!

L’érotisme est ce métal chaud que je fais chauffer entre mes oreilles et les siennes. Je le brasse avec une louche louche avant de le mélanger dare-dare à une pincée de transgression plus épicée que moins. C’est ce qui amène la marmite en ébullition et provoque le renversement carnavalesque.

Mon plomb devient or. Et elle, phosphorescente, she glows in the dark.

Que demander de mieux?

Il va sans dire que dans un tel contexte, nous touchons à des émotions puissantes, nous plongeons dans nos eaux de mémoire en bataille rangée avec nos traumatismes que l’on cherche à étrangler à mains nues.

Nous éprouvons des sensations particulières, nous fréquentons des zones de Psyché, chaudes et explosives. Les sorties de route sont fréquentes en ces contrées. Les culs-de-sac, les crocs-en-jambes, les nids-de-poule, les ronds-points, tout ça représente plus la morne norme que l’exceptionnelle exception si bouleversante.

C’est plate mais c’est comme ça.

La transmutation est d’abord affaire de l’âme

Dans le meilleur des Trois Mondes, je la transforme, elle me transforme, je me transforme, nous nous transformons, île et elle ne cessent de se transformer. Dans la lumière du tonnerre et des éclairs, les formes prennent forme et l’informe m’informe formellement et sans détour sur ce que je dois savoir avant, pendant et après.

Bon, ça demande un peu beaucoup pas mal énormément de travail d’excavation, j’avoue : travail sur soi, sur l’autre, l’accompagnement, les remises en cause, les retours à la table à dessin, la psychanalyse en direct, en continu, en différé, tous en choeur, le coeur ouvert, sextuple pontage.

Ben quoi, penses-tu vraiment que la relation de pouvoir, c’est une question de spectacle? Un jeu de rôles? Du théâtre? Un grandeur nature? Après quelques années à vivre la relation de pouvoir, j’espère bien avoir progressé d’au moins un iota dans mes enjeux personnels et mes capacités relationnelles.

Je dis bien : j’espère.

M’enfin, tous les traités d’hermétisme le disent. Isaac Newton ne fait pas exception : la transmutation est d’abord l’affaire des corps et des âmes, et tout ça commence… avec une pomme venue de haut!