Une soumise de marbre de Félines

Voilà une soumise faite d’encolures et de zébrures sous sa fourrure minérale. Elle est de cette matière dure et malléable qui se travaille dans la lenteur, bien qu’il n’y ait pas de temps à perdre.

Si ancrée et pourtant si légère, c’est une chatte marbrée d’une espèce rare, arboricole et solitaire. Ça adonne bien, je suis territorial.

Lors des jours impairs, mes couteaux bien aiguisés fendent ses chairs et les marquent comme le fouet, un pixel à la fois. Ses formes se dévoilent dans la pénombre pendant que tout l’archipel dort encore. Elle n’est plus rieuse, ni insouciante. Non. Plutôt une petite bête revenant à son état le plus primitif, méconnaissable, traquée, prise.

Elle réalise alors qu’elle ne peut plus échapper à celle qu’elle est…

Quand je la libère de sa gangue, elle est toute bouleversée, transfigurée comme un personnage de Balzac après 300 pages, lumineuse, entreprenante, explosive…

Son marbre de Félines devient félin. La matière prend vie. Sa chute de reins surgit des profondeurs marines. Et mouah, marin de son eau douce, j’ai les doigts émus par ses chants rouge gorge et ses balles courbes.

Ce qui était d’abord un loup dansant se révèle un félin.

Entre autres.