
Cet article explore les caractéristiques de la soumise, la servante, l’esclave et la propriété, dans le contexte d’une relation d’échange de pouvoirs érotique, qu’on appelle aussi la relation BDSM.
« Quelle est la différence entre une soumise et une esclave?… » demande-t-on continuellement dans les salles de clavardage et les forums à saveur BDSM.
Ah la belle question.
Et comment se termine généralement la discussion?
« Bah, soumise ou esclave, l’important ce n’est pas les mots utilisés. Tant que les personnes impliquées se sentent bien dans ce qu’elles font, chacun articule son BDSM comme il l’entend. »
Ça tombe sous le sens. La nature de la relation d’échange de pouvoirs érotique dépend des partenaires impliqués. Chacun est bien libre de vivre sa relation à sa façon.
C’est bien vrai aussi que les mots parfois ne recouvrent pas toujours tout à fait la réalité qu’ils prétendent décrire. N’empêche. C’est encore par les mots que l’on peut s’entendre le mieux sur ce que l’on veut et comment on le veut, avec les nuances qui s’imposent.
Après tout, comment atteindre ce que l’on souhaite si nous n’avons pas les mots pour le décrire?
Table des matières de cet article
Une vue globale de la soumission érotique
Ce texte est une adaptation par Valmont du texte Submission, Service, Slavery, Surrender : Examining the Terminology of Submission, par SarOfTreve (SarOfTreve @ aol.com, V. 1.0, ©1999). Une autre version de ce texte existe ici.
L’auteur donne une vue globale et détaillée des degrés de soumission, dans le contexte d’une relation d’échange de pouvoirs érotique.
La personne dominante trouvera, dans cette typologie, des paramètres utiles à son oeuvre… et ses limites. Tout comme la personne soumise trouvera là, noir sur blanc, l’étendue de son don… et ses limites.
Je vois cette grille comme un bel outil d’identification des assises de l’échange de pouvoirs entre des partenaires de bonne volonté.
La soumise, la servante, l’esclave et la propriété

La direction des flèches du diagramme ci-dessus semble indiquer une progression, de la soumise vers l’esclave puis vers la propriété, l’esclave réunissant les caractéristiques de la soumise et de la servante.
Qu’est-ce que je veux dire par progression? Si la relation d’échange de pouvoirs érotique tend à évoluer, à s’approfondir, cela se fera de la gauche vers la droite. Le sens inverse est moins probable.
Si la relation d’échange de pouvoirs tend à évoluer, dis-je, celle-ci englobera de plus en plus de dimensions entre les partenaires.
Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’une forme de soumission est supérieure ou plus méritoire qu’une autre. Il existe objectivement pour chaque personne soumise, une forme de soumission adaptée à sa situation particulière à un moment précis.
Tout comme il existe pour chaque personne dominante une forme de domination adaptée à ses forces, capacités et expériences, à un moment précis.
Une vue détaillée de la soumission érotique
La soumise
Sar définit la soumise par les quatre caractéristiques suivantes :
- Le transfert de pouvoirs entre une personne qui domine et une personne qui se soumet. Ce transfert exige une négociation librement exercée et un accord commun entre les personnes impliquées. Cela se fait sur une base de confiance, de respect des besoins de l’autre et de sa sécurité. Dans ce cadre, la personne soumise a toujours le choix de dire NON.
- L’obéissance : on parle d’obéissance quand quelqu’un adopte un comportement différent parce qu’une autre personne, perçue comme une source d’autorité, le lui demande.
- Le respect : sentiment de considération, d’égard envers quelqu’un ou quelque chose, manifesté par une attitude déférente envers celui-ci ou celle-ci. Souci de ne pas porter atteinte à cette personne ou à cette chose.
- La confiance renvoie à une attitude générale où une personne détermine son comportement sur la base d’un sentiment plus que sur un raisonnement ou sur une recherche totale de preuves. Elle touche la confiance en soi, celle envers les autres, et celle envers la tournure que prendront les événements (optimisme).
Donc, si je comprends bien Sar, la soumission érotique c’est quatre affaires : le transfert de pouvoirs, l’obéissance, le respect et la confiance.
Je commence à aimer ça. C’est concret comme approche, moins sujette aux interprétations des uns et des autres. Je poursuis ma lecture.
La servante
Selon Sar, la servante présenterait les caractéristiques suivantes :
- Le don proactif : aimer autant donner que recevoir, sinon davantage.
- Le bonheur à travers les autres : « Son plaisir est mon plaisir. »
- L’altruisme : amour désintéressé d’autrui.
Alors là, oui, je pense à nos mères qui ne vivent que par et pour leurs enfants. Des servantes sans le plaisir qui vient avec bien souvent…
Malheureusement.
L’esclave
Alors quelles sont les caractéristiques de l’esclave dans le cadre d’une relation d’échange de pouvoirs érotique pleinement consentie?
- Soumission et servitude : l’esclave réunit les qualités de la soumise et celles de la servante.
- Le transfert de pouvoir étendu : la personne soumise soumet toutes ses décisions à la personne dominante. Elle conserve un droit de veto, contrairement à la croyance populaire. Rappelons-nous que nous parlons ici d’un échange de pouvoirs consenti et volontaire. Et que nous ne vivons pas dans les livres mais dans la réalité…
- L’obéissance totale : la personne soumise accepte toutes les demandes et toutes les décisions prises par la personne dominante. Elle conserve néanmoins le privilège d’en discuter avec elle.
- La reconnaissance : forme de marquage (visible en public ou invisible).
J’avoue m’éloigner un tantinet ici de l’original qui manque de détails utiles. Je reviens sur la question de l’obéissance plus en profondeur dans le texte L’obéissance de la personne soumise.
La propriété
Enfin, la propriété représente le stade le plus achevé dans l’échange de pouvoirs entre deux personnes. En voici les composantes :
- Une esclave : la propriété du maitre réunit les composantes de l’esclave, de la servante et de la soumise.
- L’échange de pouvoirs total : la personne soumise soumet à la personne dominante toutes les décisions qu’elle doit prendre pour elle-même.
- L’obéissance inconditionnelle : la personne soumise ne remet pas en cause les décisions et les demandes de la personne dominante.
- La possession : un titre de propriété marque la possession de la personne soumise.
Ce palier de soumission, la propriété, s’atteint après combien de temps? Cela doit dépendre de chaque relation et de ce que chacun y met.

L’approche de Sar, qui est structurée autour des quatre stades distincts que sont la soumise, la servante, l’esclave et la propriété, énonce avec beaucoup de clarté ce qui sous-tend une relation de pouvoir érotique.
À chacun.e par la suite de mettre autour de l’os les condiments désirés.
L’échange de pouvoirs
À la base, l’échange de pouvoirs repose sur un consensus clairement défini, exprimé de part et d’autre, compris et appliqué, entre la personne qui se soumet et la personne qui domine.
Cet accord comporte en général les paramètres et les limites de la relation. Cet accord peut être inclusif ou exclusif.
L’échange de pouvoirs érotique se définit aisément mais ses applications sont plus difficiles à établir. La raison vient du fait que les pouvoirs échangés entre la personne soumise et la personne dominante varient grandement d’une relation à l’autre.
Exemples de permissions
Voici trois contextes où la personne soumise peut demander une permission à la personne dominante :
- s’adresser à la personne dominante;
- quitter la conversation;
- s’absenter, par exemple, pour aller aux toilettes.
Chaque partie doit donner son accord sur les paramètres et les limites de l’échange de pouvoirs.
Combien de temps durera le consentement? Les personnes impliquées peuvent s’entendre sur diverses formules de fonctionnement :
- le consentement est donné pour la durée qui est connue d’avance,
- pour une durée inconnue à l’avance, le consentement est donné jusqu’à ce qu’il soit retiré par la personne soumise,
- pour une durée inconnue à l’avance, le consentement ne peut être retiré tant que la personne dominante n’en a pas décidé autrement.
L’échange de pouvoir est régi par deux ensembles de paramètres : les paramètres liés aux activités et les paramètres de la relation entre les partenaires.
Les paramètres liés aux activités BDSM
L’établissement des paramètres liés aux activités bdsm est le fruit d’un accord explicite entre la personne dominante et la personne soumise.
Cet accord peut spécifier que les partenaires ne s’engageront pas dans certaines activités bdsm, si tel est le souhait de la personne soumise… ou celui de la personne dominante. Il faut se rappeler que les personnes dominantes ne sont pas intéressées par tous les jeux bdsm.
Exemple de paramètre lié aux activités : « nous ne jouerons pas aux jeux d’aiguilles. »
Cette limite est fixée entre les partenaires selon leurs goûts, leurs envies et leurs habiletés.
La personne dominante pourrait, par exemple, exprimer son manque d’intérêt ou de compétences pour jouer avec les aiguilles… alors que la personne soumise fantasme fort sur cette activité depuis longtemps.
La personne dominante pourrait alors convenir avec la personne soumise qu’au moment venu, elle lui permettra de vivre ces jeux avec une autre personne mieux qualifiée en ces matières, sous sa supervision.
Les paramètres de la relation entre les partenaires
Les paramètres de la relation entre les partenaires touchent les champs d’application de l’échange de pouvoirs dans sa globalité.
Deux exemples de paramètres liés à l’interaction :
- « Nous jouons seulement durant la durée des scènes et pas à l’extérieur de celles-ci. »
- « Je suis mariée et j’ai des enfants. Mon Maître est un autre homme que mon mari. Notre relation BDSM ne touche pas cet autre aspect de ma vie. »
Un consentement inclusif ou exclusif
Un accord inclusif définit à l’avance les activités qui seront pratiquées. L’accord exclusif, lui, il ne définit que les activités qui ne seront pas pratiquées.
Cette nuance est importante.
Dans un accord inclusif, la personne dominante engage la personne soumise dans des activités bdsm pour lesquelles le consentement a été expressément défini et obtenu.
Cela signifie que toute nouvelle activité n’ayant pas été « prévue au programme » doit faire l’objet d’un nouveau consentement de la personne soumise.
L’accord inclusif est bien évidemment la formule à recommander aux personnes ayant peu d’expérience des échanges de pouvoirs érotiques.
Quant à l’accord exclusif, il devient intéressant lorsque les partenaires ont une bonne expérience l’un de l’autre.
Version téléchargeable
Présentée sous la forme d’un tableau, cette Typologie de la soumission érotique et ses composantes est téléchargeable à partir de La petite bibliO de cercle O.
J’ai bien aimée cet article; je me savais déjà soumise-esclave et
cela n’a fait que donner raison à ce dont je me considérais dans la
soumission.
Bonsoir Sire, Une question, Qu’arrie t-il de la soumise quand pour une raison ou une autre son Maître la libère ? Comment arrive-t-elle à se sevrer de son Maître qui décidait de tout… ? Comment?
C’est là une grande question.
Cette problématique de la “libération” vécue par les personnes
soumises ayant cédé à d’autres les pleins pouvoirs sur leur volonté,
peut en effet créer un ressac important chez ces personnes. Le transfert
de contrôle (la reprise de ses propres leviers décisionnels en quelque
sorte) ne se fait pas sans heurts, surtout si cela a lieu dans un très
court laps de temps.
La tentation de combler rapidement le vide provoqué par le départ du
Maître par une autre personne dominante, ne semble pas la voie la plus
appropriée.
Je crains fort que la soumise doive s’astreindre à faire le deuil de
la relation d’échange de pouvoirs avec ce dominant, comme elle le
ferait de toute autre relation qui prendrait fin.
Cela dit, dans le contexte bdsm, je recommanderais instinctivement
la présence d’un tuteur ou d’une tutrice de confiance, pour aider la
personne soumise à reprendre petit à petit ses leviers en mains.
Bonsoir Sire,
Merci de cette réponse.
C’est bien ce que je craignais.
Mais je devrai tenter de reprendre mes leviers en main
toute seule.
Mon Maître m’a laissée sans crier gare…apres 5 mois.
Ça parait peu … 5 mois… mais Il était tout… je ne décidais plus rien.
Je suis dans le vide.
cassy
Désolé pour vous Cassy, c’est très douloureuse d’être “liberer”
quand on n’a pas envie…Mais prenez votre temps, et soyez exigeante dans
votre choix de Maitre, et vous allez trouver celui qui va vous gardez
plus precieusement.
Une bonne façon de combler ce vide, mlle, est de tracer par écrit
un bilan de la relation. En dégager les grandes orientations comme de
plus menus détails. En indiquant ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas
fonctionné, ce qui vous plaisait et ce qui vous plaisait moins.
La grille proposée par Sar peut être un bon canevas en ce sens.
Nous pouvons tirer profit des expériences que nous vivons. Ce qui
peut nous éviter de refaire les mêmes erreurs ou de vivre les mêmes
écueils. Car forcément, nous en faisons et en vivons.
Je ne suis pas d’accord. Voila 1 an que je suis la soumise de mon Maitre, et depuis quelques semaines, je me définit de mon propre chef comme son esclave en appartenance, sa propriété. Vous seriez étonné des choses que l’on peut accomplir et vivre en un laps de temps assez court. C’est comme si j’appartenais à mon Maitre depuis des années. Je suis irrémédiablement et insatiablement à Lui, et ce tant qu’il ne me rejetera pas. Je suis sa propriété et il fait et exige de moi ce qu’il souhaite. J’ai 19 ans et cela choque beaucoup de personnes. Moi j’ai trouvé ma place et mon épanouissement à ses côtés et plus encore à ses pieds, et tant qu’on est heureux et épanoui, pourquoi arrêter ? Je me suis donnée entièrement et pleinement, parce qu’il a su en un an me démontrer sa sincérité et acquérir ma confiance. Ces composantes suffisent, pas besoin d’attendre 15 ou 20 ans, le temps n’est rien dans une telle relation, l’âge non plus, les corps encore moins. Il n’y a que l’esprit nu et à découvert, on nous scrute et on nous voit comme jamais nous ne nous sommes montrés.
Cela fait un bon moment que j’ai vu un document aussi concis dans l’identification des différents rôles. Lecture très satisfaisante. Tant de nuances délicates mais importantes à définir.
j’aime à croire que le rôle attitré de la personne soumise est relatif à la personne Dominante. La personne en position d’autorité définit le rôle qui convient à ses besoins et applique sa vision à la personne qui se soumet. « je veux une soumise, avec moi tu seras donc soumise ».
Cela me fait penser soudainement à Orwell et la ferme des animaux: toute les soumises sont égales, certaines soumises sont plus égales que d’autre?
Curieuse d’explorer les différents aspect du Puppy play, DD/lg…
Bonjour mlle,
à la lecture de votre commentaire, j’ai envie de vous répondre que le rôle de la personne soumise, s’il est relatif à la personne dominante, il est surtout la suite logique de ses besoins, avant de penser répondre aux besoins, désirs et priorités de la personne dominante.
> toute les soumises sont égales, certaines soumises sont plus égales que d’autre?
Évidemment. 🙂