Dernière mise à jour : 16 juin 2019.
J’ai confectionné un petit tableau intitulé Une typologie de la soumission érotique.
Je reprends les termes de la soumission proposés par SarofTreve, et que j’ai utilisés dans le texte La soumise, la servante, l’esclave, la propriété : les termes de la soumission dans l’échange de pouvoirs érotique.
Le tableau comporte donc chacun des quatre termes de la soumission érotique avec ses composantes spécifiques et sa définition usuelle.
Dans quel but, ce tableau?
En ajoutant la possibilité de « noter » chaque composante évoquée, je me suis rendu compte que cette typologie, en un seul coup d’oeil, me permettait de bien visualiser où la relation se situe, si j’ose dire. C’est une façon rapide d’évaluer les piliers de la relation.
Eh oui, je suis un visuel!
Pour mouah, ce petit tableau sert d’aide-mémoire. Il m’aide à structurer l’apprentissage de la soumission de la mademoiselle qui se trouve à mes pieds, sur des bases simples et concrètes, et à orienter mes propres énergies en ce sens… et les siennes!
Dans ce contexte, ce qu’on appelle usuellement les activités bdsm se révèlent alors pour ce qu’elles sont réellement : des moyens à la disposition du guide et non des fins en soi.
Le plaisir de la domination
En fait, ce tableau m’a confirmé ce que je savais déjà : aussi divertissantes puissent-t-elles être, les activités telles l’usage du fouet ou le ligotage, m’intéressent beaucoup moins que les principes qui les sous-tendent.
Exemple : le degré de confiance échangé. Autre exemple : la capacité de la bouleverser.
Pour moi, c’est là que ça se passe, le plaisir de la domination.
En distinguant les activités bdsm de ce que j’appelle les principes à la base de la soumission, cela permet notamment à la personne soumise de savoir si elle est réellement à sa place dans un échange de pouvoirs suivi et encadré, ou si elle est plus attirée par la dimension jeu du bdsm.
Cette dimension jeu est tout aussi louable et légitime, mais fort différente et beaucoup moins englobante qu’une relation plus encadrée.
Situer la soumission de l’autre
Je considère d’ailleurs qu’il est de ma responsabilité, comme personne dominante, d’établir rapidement où se situe la personne soumise face à ces enjeux, en l’aidant à éclaircir ses besoins et ses désirs.
Ce tableau me donne les moyens de faire cet exercice incontournable. Je peux identifier plus clairement ce que signifient les mots de l’autre : « je veux être une soumise », « j’aimerais servir un maitre », « j’ai des fantasmes de reddition », etc.
Ce tableau trace par le fait même l’étendue des pouvoirs de la personne dominante, ce qu’elle peut attendre de la personne soumise.
Les composantes liées à chaque terme donnent un sens aux mots et aux aspirations de la personne soumise. Ce sont des balises concrètes. Au lieu de n’être qu’un vague mot-clé aux contours très flous et sujets aux fluctuations des humeurs et des personnes, chaque composante devient alors un objectif relativement simple à définir et à respecter.
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Je peux soulever les points sur lesquels je la ferai travailler, la soumise. Je m’en sers du tableau pour gérer sa progression et la mienne. Pour l’aider à mesurer les changements qui s’opèrent au fil du temps dans sa soumission, de même que dans ma dominance.
Enfin, ce tableau me permet d’établir les nuances importantes à faire entre l’échange de pouvoirs tout court, l’échange de pouvoirs étendu et l’échange de pouvoirs total. Je sais que d’un point à l’autre, il y a de l’espace, beaucoup d’espace.
Le tableau montre concrètement ce qui en est.
Cela a pour effet de rassurer la personne soumise sur le fait que l’échange de pouvoirs absolu, ce n’est pas pour demain matin. Que ces choses-là prennent du temps, de l’énergie, du travail, un investissement psychique important. Qu’entrer dans cette structure rapidement est une vue de l’esprit.
Ou un leurre.
L’utilisation du tableau
Un petit mot sur l’utilisation du tableau.
La colonne A présente les composantes de chaque terme de la soumission proposé par Sar.
La colonne B sert à indiquer la note (sur 10) que la personne soumise attribue à sa conformité à la composante énoncée.
La colonne C sert à indiquer la note (sur 10) que la personne dominante attribue à la conformité de la personne soumise à la composante énoncée.
Bientôt, je vais ajouter une colonne qui servira à indiquer la note (sur 10) que la personne soumise attribue à la conformité de la personne dominante à la composante énoncée.
La colonne D situe chaque composante à l’aide d’une définition courte tirée de Wikipedia pour la plupart.
Bien entendu, cette note ne doit pas être vue comme une note d’examen à un concours, « zut j’ai 3 sur 10 ». C’est davantage un palier à atteindre par la personne soumise en compagnie de son.sa guide. Commencer à 1, voire à 0 n’a rien de déshonorant.
D’autre part, si la personne dominante et la personne soumise attribuent des notes différentes à une composante donnée, cela leur donne l’occasion de discuter, de vérifier, de valider, ce que l’un et l’autre pense et fait, et comment il le fait.
C’est un bel outil en ce sens.
Trois « plausibilités »
- Il est possible qu’au fil du temps, cette note augmente, tout comme il y a lieu de croire qu’elle peut descendre.
- Il est permis de croire aussi que cette note va évoluer très lentement. Exemple : la confiance d’une personne envers une autre ne passe pas de 0 à 10 en trois mois. Et honnêtement, commencer une relation avec la note 5 sur le plan de la confiance me semble un tantinet exagéré.
- Quelques mois après la première « évaluation », les chiffres vont subir le « test de la réalité ». Ils risquent alors un mouvement vers le bas, de façon à mieux refléter le palier auquel se situe réellement la personne soumise.
Enfin, ce tableau est pour la personne soumise un bon outil de voir si elle est capable d’évaluer sa soumission objectivement, sans se raconter de blagues à elle-même. Et ainsi d’avoir une vue assez précise de sa soumission.
Version téléchargeable
Le document Une typologie de la soumission érotique et ses composantes est téléchargeable à partir de La petite bibliO de cercle O.
Anonyme écrit :
« Pour moi, c’est là que ça se passe, le plaisir de la domination. »
Bravo. Qui a dit que c’était un boulot facile qu’être Dominant ?
Il faut gérer, organiser, diriger, guider, préparer, assurer la sécurité, rassurer, encourager, comprendre, etc… Mais n’est ce pas là aussi notre plaisir à nous ?
Et puis avant tout, être Maitre de soi même… C’est déjà un bon début.